Une nouvelle fois ce nouveau numéro des Cahiers de Tinbad,  permet de pénétrer les espaces-temps de la littérature, de la poésie et de l'image. Au centre de ce numéro, Céline est revisité suite à la publication de ses romans inédits parus chez Gallimard.
C’est l’occasion entre autres de republier son dernier interview, avec Paris-Match, en 1960. Fabrice Hadjadj en appelle à une réconciliation autour du cas Céline, de son point de vue de juif converti au catholicisme. Thomas A. Ravier s’insurge contre le révisionnisme qui sévit partout pour corriger le passé ; Guillaume Basquin, Olivier Rachet et Claude Minière analysent et décortiquent Guerre et Londres en partant des textes, rien que des textes.
Le numéro poursuit la révision d'autres poncifs. Nous retiendrons ici l'approche d'Eric Rondepierre qui ouvre dans son intervention un porche sur sa quête des éléments oubliés, rejetés, périphériques, accidentels, invisibles pour dessiner une sorte de champ aveugle en soutenant une belle thèse : le cinéma est un art de l’image sacrifiée. Et il prouve superbement comment ces restes parcourus au fond de la Nuit Cinéma font les réalités construites en amont et souvent répétées et remises en scène. En surgissent un mouvement et une volonté de prendre sur le vif l'œuvre comme dans un tableau plus vivant.

Jean-Paul Gavard-Perret

Cahiers de Tinbad n° 15, Tinbad, novembre 2023, 128 p.-, 17€