Dans ce récit Erwann Rougé lui-même disparaît pour laisser parler les êtres et les ombres. Ali, homme mort ou disparu  dont le secret reste entier est filé par sa fille qui est également la sœur de l’auteur. Jaillit aussi la peinture en creux d’un pays pris d’un mouvement de rassemblement, de liberté et d’émancipation dans les rues d’Alger.

Se retrouve en retenue et tolérance la simplicité des choses  qui pourtant ne le sont pas, afin de rendre à chacun sa présence. De la Kabylie à Rennes s'étend une quête de fragments d’une existence à travers paysages, souvenirs de guerre, etc. Mais existe aussi une forme de dépossession, comme si nos origines ne nous appartenaient pas vraiment. Bref,  tout semble glisser, se déplacer.

Mais tout est fait aussi pour que la disparition puisse se parler dans l'attente et contre l'oubli. Dès lors le  terme "procès" au sens grammatical du terme convient parfaitement à ce livre. Il désigne le temps au cours duquel l’action de chercher imprime sa durée.

Jean-Paul Gavard-Perret

Erwann Rougé, L'absent, Unes, novembre 2021, 56 p.-, 16 €