Valentin Retz : au-delà du mal

Ce n'est pas parce que tout resplendissait sous le soleil de la victoire, que l'Enfer n'existait pas avant. D'ailleurs pas besoin de le chercher loin : le narrateur certes aurait voulu ne jamais voir le visage des démons qui nous haïssent et nous abusent, depuis que l’homme est appelé à se trouver et à se perdre.

Mais il  est projeté hors de lui et à la merci d'un sorcier  qui jette  des sorts en des messes noires dont il est le grand prêtre. Ce saut a lieu quelque temps avant les attentats islamistes du stade de France, du Bataclan et des cafés de Paris. Mais après cet enfer le héros va ressortir du néant et du mal pour se nourrir de lumière et de littérature. 

Le mal, les horreurs ne peuvent longtemps l’habiter et le contaminer. Il  va s’avancer avec son épouse sur une terre où tout s’est libéré, où la parole s’est faite chair : Israël. Peu de temps avant ce voyage en Terre sainte, il sera encore extirpé de son corps au contact de la Couronne d’épines du Christ. Mais une fois de plus il est sauvé :  Lorsque les femmes, aux fichus détrempés et aux pointes de cheveux ruisselantes, ont allumé chacune un cierge en se servant des candélabres disposés aux quatre coins de la pierre qu’elles avaient vénérée, j’ai retrouvé l’eau et l’éclat.

Valentin Retz une nouvelle fois tord le néant comme dans son précédent livre au noir. Il crée la lumière pour atteindre l'Eden. Le tout dans un mixage intense de visions ténébreuses et éclatantes. Par-delà le mal le bien demeure et jusqu'au moment où  le  silence se fait. Mais pas n'importe lequel : celui qui doit trouver des mots pour se dire et qui sauve. Et ce, face au bruit et aux terreurs qui empêchent de voir et d’aimer. Finalement il s'agit donc bien d'une fiction de la victoire en sa sorcellerie multi partitas  évocatoire.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Valentin Retz, Une Sorcellerie, coll. L'infini, Gallimard, septembre 2021, 240 p., 19 €
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