Moix à Orléans : héraut ou salaud ?

Donneur de leçons, pourfendeur des injustices, moralisateur, Yann Moix se veut l’annonciateur d’un meilleur. Ou le dénonciateur d’un mal qu’il voit partout dans sa paranoïa suprême. Mais est-il honnête ? Peut-on toujours le croire ? Doit-on remettre en cause toute son œuvre ? 
Ne prend-il pas le lecteur, le public, pour un imbécile ? Pourquoi ne reste-t-il pas dans ce qu’il sait faire ? Un roman, un vrai, où la trame se déploie. L’histoire digresse pour aborder de l’intime, mais par le biais du général. D’une approche universelle, d’une tentative d’ailleurs. Pas d’attaque ad hominem. Pas de règlement de compte. Sa lettre d’amour de 2015 montrait une qualité littéraire. Une analyse pertinente de la situation actuelle. Même si elle n'était pas courtoise, elle avait le mérite de dire une vérité. Sa vérité. D'auteur, de romancier, d'homme perdu. Mâle alpha en quête d'animalité. C'était une approche pertinente. Que n’en est-il pas resté là ? Qu’est-il allé faire dans cette galère ?

Celles et ceux qui l’ont côtoyé par le passé, savent. Savent combien l’éruption est présente dès que l’on se confronte à lui. Mais si dans la vraie vie vous êtes un salaud, pourquoi l’être aussi dans l’art ? On se souvient de l’immonde Partouz. Ici aussi, ce triste opuscule n’est lourd que du poids de la bêtise, de la méchanceté qu’il recèle et qui n’a que fait couler trop d’encres. Ressorti les cadavres des placards. Organisé une polémique inutile. Beaucoup de bruits pour rien. Ce n’est ni un roman, ni un pamphlet. Tout juste un objet pondu par un névrosé, sadique, pervers, qui tente de survivre dans l’univers déjanté qu’il s’est créé depuis la naissance de son petit frère.
Les témoignages de la famille sont accablants. Tout ce linge sale qui se répand sur la place publique est navrant. Et que dire de ses excuses sur un plateau de télévision ? Qui va encore y croire ?
La littérature n’a rien à y gagner. On blâmera surtout l’éditeur. Encore une question de gros sous, à n’en pas douter. Réimprimé à quinze mille exemplaires dès cette semaine. Quand on vous dit que le chaland adore l’odeur du soufre. Publier du purin pour vendre du papier. On est loin des canons littéraires. On en est très très loin…

Annabelle Hautecontre

Yann Moix, Orléans, Grasset, août 2019, 272 p.-, 13,99 €
Lire les premières pages.

Aucun commentaire pour ce contenu.