Benoît Drousie (né le le 12 avril 1962)  dit Zidrou, effectue sera d'abord instituteur. Son premier scénario publié est illustré par De Brab dans le numéro de Noël 1991 de Spirou ("La triste fin du Père Noël"). L'année suivante, il fonde une sorte de studio de scénario avec son ami Falzar et commence à assiéger les éditeurs pour placer ses innombrables projets sous le pseudonyme des Potaches. Dès 1993, ses productions commencent à envahir les pages d'animation et les récits complets du journal de Spirou. En 1992, il lance "Margot et Oscar Pluche" avec Falzar et la dessinatrice De Brab chez Casterman, (6 albums jusqu'en 1997). Puis il lance l'Eleve Ducobu (19 albums et des HS entre 1997-2003). En 1995, il propose à Jean-Claude Fournier d'animer une suite de gags gastronomiques, "Les Crannibales", chronique fortement assaisonnée d'humour noir.  Zidrou est également l'auteur d'une vingtaine de livres pour enfants.

Les Folies Bergère sonne mieux que la 17e compagnie d’infanterie pour Zidrou et Porcel

La 17ème compagnie d’infanterie du capitaine Maurice Meunier est connue auprès de l’état-major. Et, malheureusement, pas forcément pour de bonnes raisons : un caricaturiste insolent se payant de la tête des officiers supérieurs dans un journal, un surnom quelques peu inélégant pour l’époque – « les Folies Bergères, ça sonne mieux que « la 17e compagnie d’infanterie, pas vraie ? » – et surtout des soldats qui refusent catégoriquement de mourir lorsqu’on leur en donne l’ordre.

 

Rubinstein – un homme du rang d’origine juive condamné à mort pour avoir gagné le surnom de Roubignol en s’attaquant à son sergent – est fusillé sans pour autant rejoindre ses ancêtres. Le peloton a beau vider une demi-douzaine de cartouche dans son corps et une directement dans sa tête, l’homme est encore et toujours debout.

Il n’y a donc plus qu’à faire appel à un prêtre pour tenter d’y voir plus clair. Le « Capitaine Némo », un ami d’enfance de Meunier, vient donc aux Folies Bergères. Cet aumônier d’état-major va découvrir la réalité du front. Comparer l’enfer et le paradis. Vivre avec des hommes. Juste des hommes qui ne demandent qu’à rentrer à la maison…

 

Francis Porcel et Zidrou ont décidé de collaborer chez Dargaud dans un one shot sur la guerre : Les Folies Bergère. De prime abord, il convient de se demander ce que pourrait bien apporter un tel ouvrage au monde du 7ème art : il y a déjà foule de BD excellentes sur ce sujet. Un défi a relever pour les deux hommes.

Et un défi réussi : c’est un angle innovant, capturant la réalité de ce conflit – de tous les conflits – qui s’offre à nous. Cependant le lecteur n’y découvrira pas la Grande Guerre. Il n’y découvrira rien de réellement historique. Non, c’est la Guerre, le concept même de celle-ci qui s’offre à son regard. Comprendre comment des hommes peuvent se transformer en monstres, comment ils peuvent tenter de survivre dans un monde où tout fout le camp.

L’ouvrage, diablement beau au niveau graphique, reste aussi sombre que ses couleurs sur son scénario : Zidrou se place bien loin de son univers humoristique habituel et avec brio ! Il ne faut pas s’attendre à ce que notre jeunesse utilise Les Folies Bergères pour s’interroger sur notre Histoire : l’œuvre risquerait de leur rester hermétique et la violence qu’elle déploie n’est pas pour les aider.

Mais une fois adulte, il serait dommage de se priver d’un livre offrant une telle réflexion…

 

« A la fin de la guerre – parce que faudra bien qu’elle se termine un jour, hein ! – on s’est tous juré d’aller fêter ça aux Folies Bergère, à Paris. C’est pour ça le nom. »


Pierre Chaffard-Luçon


Zidrou & Porcel, Les Folies Bergère, Dargaud, octobre 2012, 92p. - 16,45€

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