Les Folies Bergère sonne mieux que la 17e compagnie d’infanterie pour Zidrou et Porcel
Rubinstein – un homme du rang d’origine juive condamné à mort pour avoir gagné le surnom de Roubignol en s’attaquant à son sergent – est fusillé sans pour autant rejoindre ses ancêtres. Le peloton a beau vider une demi-douzaine de cartouche dans son corps et une directement dans sa tête, l’homme est encore et toujours debout.
Il n’y a donc plus qu’à faire appel à un prêtre pour tenter d’y voir plus clair. Le « Capitaine Némo », un ami d’enfance de Meunier, vient donc aux Folies Bergères. Cet aumônier d’état-major va découvrir la réalité du front. Comparer l’enfer et le paradis. Vivre avec des hommes. Juste des hommes qui ne demandent qu’à rentrer à la maison…
Francis Porcel et Zidrou ont décidé de collaborer chez Dargaud dans un one shot sur la guerre : Les Folies Bergère. De prime abord, il convient de se demander ce que pourrait bien apporter un tel ouvrage au monde du 7ème art : il y a déjà foule de BD excellentes sur ce sujet. Un défi a relever pour les deux hommes.
Et un défi réussi : c’est un angle innovant, capturant la réalité de ce conflit – de tous les conflits – qui s’offre à nous. Cependant le lecteur n’y découvrira pas la Grande Guerre. Il n’y découvrira rien de réellement historique. Non, c’est la Guerre, le concept même de celle-ci qui s’offre à son regard. Comprendre comment des hommes peuvent se transformer en monstres, comment ils peuvent tenter de survivre dans un monde où tout fout le camp.L’ouvrage, diablement beau au niveau graphique, reste aussi sombre que ses couleurs sur son scénario : Zidrou se place bien loin de son univers humoristique habituel et avec brio ! Il ne faut pas s’attendre à ce que notre jeunesse utilise Les Folies Bergères pour s’interroger sur notre Histoire : l’œuvre risquerait de leur rester hermétique et la violence qu’elle déploie n’est pas pour les aider.
Mais une fois adulte, il serait dommage de se priver d’un livre offrant une telle réflexion…
« A la fin de la guerre – parce que faudra bien qu’elle se termine un jour, hein ! – on s’est tous juré d’aller fêter ça aux Folies Bergère, à Paris. C’est pour ça le nom. »
Pierre Chaffard-Luçon
Zidrou & Porcel, Les Folies Bergère, Dargaud, octobre 2012, 92p. - 16,45€
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