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L’Oreille de Van Gogh : un rapport d’enquête qui fait flop

Le problème avec le calendrier c’est qu’il est récurrent, et que Noël approchant les éditeurs ne savent plus quoi inventer pour vendre, alors on tire sur la corde. Van Gogh est un nom tellement porteur, à l’identique de La Joconde, que n’importe quoi trouvera preneur.
N’importe quoi, nous y sommes bien ici. Sous prétexte d’être en arrêt maladie, une historienne irlandaise installée dans le Sud de la France trouve amusant d’occuper son temps à rechercher ce qui n’aurait pas encore été dit sur la mutilation de l’oreille de Vincent Van Gogh. Elle fouille de chez elle la toile, puis entreprend de s’attaquer aux archives pour… nous entraîner dans un livre fourre-tout qui demande d’atteindre la page 161 pour aborder enfin le cœur du problème.
Et de ne rien nous révéler du tout…

Mais entendons-nous bien, si vous êtes intéressé par l’art, la peinture – et la peinture seule ! – parle d’elle-même, donc allez au musée ou voir une exposition ou achetez une monographie. Si l’histoire de l’art vous titille – et non la vie privée de madame Murphy qui noircit des pages bien inutiles – et plus particulièrement celle de Van Gogh, il convient d’aller à l’essentiel. Lisez sa correspondance qui dépliera sous vos yeux tout ce qui habitait l’esprit tortueux du peintre ; et si l’épisode de l’oreille coupée vous fascine, lisez l’étude de Georges Bataille qui explique la mutilation sacrificielle du peintre par son rapport au soleil.
 

Selon lui, Vincent Van Gogh aurait eu des rapports bouleversants avec l’astre jaune. Pour Bataille, les peintures représentant le soleil prennent alors tout leur sens dès lors qu’on les aborde sous l’angle précis où elles représentent son intime expression et sa maladie. En effet, la majorité de ces peintures sont postérieures à sa mutilation même si son obsession semble remonter à 1886, à l’époque parisienne. Or, ce n’est qu’à partir de 1889 que le peintre se lance dans une florissante représentation de ses fameux soleils, alors interné à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence.
Bataille est persuadé que ce temps calme imposé au peintre lui ouvre les portes de la contemplation. Certains témoignages notent un Van Gogh prostré sur un banc, fixant le ciel, et sans doute plus précisément le soleil dans toute sa gloire, comme il l’écrivit à son frère…

Donc pour quatre fois moins cher, on vous conseille fortement de vous orienter vers l’étude de Georges Bataille publiée chez Allia, ou consultable gratuitement sur le site de la BnF qui reprend l’intégralité de Documents, et plus précisément ici la partie qui nous concerne : http://gallica.bnf.fr

 

François Xavier

 

Bernadette Murphy, L’Oreille de Van Gogh – Rapport d’enquête, traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf, 65 illustrations + cahier quadri, Actes Sud, octobre 2017, 400 p. – 24€

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