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Le couple en miroir des obsessions

Qu’est-ce que l’amour ? Une passade, une histoire qui dure trois ans, une manière de justifier des pulsions érotiques, un arrangement, un déni du vide, une quête de sens, une erreur, une fatalité, une catastrophe, une norme sociale qui justifie l’idée du couple – et plus prosaïquement le résultat concret de l’accouplement : l’arrivée d’un enfant… Oui, qu’est-ce que l’amour qui unie deux êtres humains qui croient éperdument à la passion, à l’éternité de ce sentiment ambiguë et qui constate très vite que la présence continuelle – au lieu de décupler le désir, le plaisir d’être ensemble – délie petit à petit le fil invisible qui les unie – sauf à être attentif et à vivre cet amour dans une énergie spirituelle si puissante que les aléas du quotidien parviennent à passer outre –, ainsi il en va aussi du narrateur qui regarde Sandra, sa femme, à moitié nue sur le lit, à leur retour de vacances, mais qui n’a même plus le désir de venir s’allonger à côté d’elle.
Inhibé par un sentiment de lassitude…

Jusqu’à ce qu’il tombe sur une photo de Jeanne Hébuterne, la compagne de Modigliani, qui n’a pas hésité une seconde à se jeter du neuvième étage, enceinte de neuf mois, pour aller retrouver son amour qu’une méningite venait d’emporter… Amour-fou, amour-passion ou tout simplement : amour ?
Car la majorité des gens qui se marient, vivent ensemble, sont amoureux mais... aiment-ils vraiment ? Le diable est dans les détails et cette nuance-là est d’une importance capitale…
Quand on est juste amoureux, on se supporte jusqu’au jour où… On fantasme, on se trompe, on vit ailleurs, dans sa tête souvent, comme le narrateur qui s’installe dans la chambre d’amis pour vivre avec la photo de Jeanne. Refait l’amour à sa femme en s’imaginant avec Jeanne. Puis en projetant sa folie obsessionnelle sur une jeune femme rencontrée et qui ressemble à Jeanne et… vit avec un peintre.

Mais alors que le premier tiers du roman se déroule limpidement avec quelques clignotants qui ouvrent le désir du lecteur, Luca Ricci sombre dans le convenu, devenant caricatural en invitant des clichés, sexuels comme relationnels, la dérive s’envenime de lourdeurs et le livre tombe des mains. Dommage.

François Xavier

Luca Ricci, Obsession d’automne, traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli, Actes Sud, novembre 2019, 224 p.-, 21,80 €

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