Dakota song : un immeuble aux allures de théâtre

Pour le monde entier, le mot Dakota désigne les grandes plaines de l’ouest, ou... l’immeuble avec vue sur Central Park à New-York.
Dans cet bâtiment extravagant, bâti dans le style néo-renaissance à la fin du dix neuvième siècle et classé monument national, ont vécu au milieu et à la fin du siècle dernier Lauren Bacall, Léonard Bernstein, Rudolph Noureev.
Le film Rosmary’s baby y a été tourné. Le faux château déjà emblématique de la ville est définitivement entré dans l’histoire le 8 décembre 1980 avec la mort de John Lennon. Le chanteur, l’un de ses résidents a été tué alors qu’il en sortait.

C’est dans ce décor qu’Ariane Bois a choisi d’installer les personnages de Dakota Song, son roman qui paraît en poche.

Shawn, un jeune noir qui a vu son meilleur ami tomber sous ses yeux à Harlem a un avenir sombre : la prison comme nombre de ses amis, la misère ou la mort. 
Il va se réfugier dans les sous-sols du Dakota grâce à son oncle et devenir le  premier portier de couleur de l’histoire de la bâtisse. De son poste privilégié, il est le témoin de la vie des habitants richissimes dont les appartements comptent parfois plus de vingt pièces.
Eux qu’il imaginait forcément heureux, à l’abri dans leurs habitations privilégiés ne le sont pas forcément. Nigel, Betty, Andrew, Nathan et les autres ont tous des failles, des hantises ou des secrets que le jeune homme n’aurait jamais soupçonnés. Comme à Harlem, la violence est là, plus feutrée, différente, mais les rapports humains y sont également complexes.
Dans la veine des Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin ou de L'immeuble Yacoubian d’Alaa El Aswani, le Dakota qui est un personnage à part entière apparaît comme une scène de théâtre sur laquelle se joue des tragédies humaines. 

Dakota song est le portrait de l’Amérique des années 1970 en plein bouleversement. De folles années où s’expriment enfin les femmes, les gays, les minorités, où les plus grands réinventent la musique ou la littérature. C’est également l’époque de la contestation contre la guerre au Vietnam, l’application des droits civiques acquis dix ans plus tôt. Dans ce roman vibrant et riche, se construit l’avenir de l’Amérique, qui trente ans plus tard, verra  l’élection du premier président afro-américain.

Auteur de sept romans, Ariane Bois s’attache avec Dakota song à ses thèmes de prédilection : la lutte pour la vérité et la justice, l’opposition entre des mondes différents et le courage de ceux qui osent se dresser, résister contre l’arbitraire, la guerre, le destin tout tracé.
 

Brigit Bontour
 

Ariane Bois, Dakota song, éditions Charleston, janvier 2021, 432 p.-, 8,50 €

Aucun commentaire pour ce contenu.