Alison Brady : le singulier de l’éros

 



Alison Brady crée toujours un contrepoint à l’érotisme. Elle fictionne sa fiction par les grimages et grimaces comme conditions d’un déplacement, d’une déprise de ce qu’il est. L’érotisme à la fois ne se reconnaît pas et pourtant devient encore plus voyant sous les gages de l’humour. Sachant que plus le nu est nu, plus il est n’importe qui ou quoi, il s’agit de frotter son aspect commun par altération afin d’entendre résonner une soif utopique  qui se trouvait déjà autant chez un Rabelais comme chez un Molinier (pour traverser temps et genres).



Alison Brady attise ainsi le singulier d’éros. Chez elle l’humour devient son commentaire et d’une certaine manière refoule ce qu’il vise, dégage le secret ou ce qu’on désigne par ce terme autour de quoi prétend tourner la volupté imageante. La photographe réduit le sens ou la portée de ce qu’une telle volupté vaut. Elle la rejette à la périphérie en faisant mine de l’embrasser. De fait ce qui est désigné comme grimage ou à l’inverse comme érotisme ne le sont pas. Les deux sont des habits ou des peaux que la plasticienne retire.


Jean-Paul Gavard-Perret





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