Giono au Mucem – Contrepoints

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Scène majeure d'Un roi sans divertissement par le peintre Serge Fiorio.

Voilà, inédite - et pourtant somptueuse, n'est-ce pas ?  –, l'une des toiles que vous ne verrez pas à l'actuelle expo Giono du Mucem à Marseille puisque n'y sont présentés, sans la moindre réflexion ni la moindre recherche, allant au plus facile, au plus près et à l'imédiatement disponible, que quatre ou cinq Fiorio, tous issus de la même collection, celle de Sylvie, fille cadette de l'écrivain.
Œuvres acquises très largement post-mortem de son père et qui, malgré leurs qualités propres, ne sont donc pas en phase avec les rapports étroits et féconds du peintre avec l'écrivain avant guerre, dans les années trente, à Taninges, en Haute-Savoie.
Après quoi, les deux artistes ont chacun heureusement continué leur route, il faut bien le dire, sans plus trop se fréquenter, et leur œuvre comme l'on sait.

Autre chose : Emmanuelle Lambert, l'actuelle "voix officielle" pour parler de Giono car promue commissaire en chef de l'événement, claironne tous azimuts que l'écrivain Giono est bel et bien né – mais toutefois selon sa propre invention !  – dans les tranchées de 14.
Il n'en est rien, rien de plus faux, c'est faux, archi-faux, erreur interprétative : en fait, un concept de commissaire pour créer un fil conducteur à son travail. Sans plus.

L'écrivain Giono est,  bien au contraire, tout naturellement né tout au creux de son enfance, au cœur des paisibles, odorantes et suggestives collines autour de Manosque, là même où, adolescent, il lit, savoure et médite, les grands classiques grecs aux flancs du Mont-d'Or, et sur les toitures tièdes de la petite ville où, bien plus jeune encore, enfant, son père, anarchiste au grand cœur, lui lit la Bible à ciel ouvert.
« Si tu veux de la bonne eau, va à la source » enseigne un proverbe piémontais : aussi, pour en avoir donc le cœur net, lire Jean le bleu lui-même ou encore le témoignage fiable de Pierre Magnan dans son Pour saluer Giono.
Car les temps sont, hélas, au préconçu, au commercial, au mensonge par méconnaissance, au m'importe quoi parfois, à l'imposture aussi.
Alors public, gare aux vérités toutes faites te tombant "toutes rôties" dans le bec au son des roulements de tambour commémoratifs !

André Lombard

Rétrospective Giono du Mucem, Marseille, visible jusqu'au 17 février 2020

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