Des images admises aux images sans miroir : Maya Rochat

Maya Rochat ne cesse de pousser chaque fois le bouchon un peu plus loin. Les révérences ne sont pas de son fait. Ses photos sont chargées - pour être maintenues sous une pression autre que celle du réel -  d'images latentes que l’artiste a  fixées chimiquement ou numériquement afin d’offrir un nouveau ballet visuel à peine visible. Les prises premières sont quasiment effacées par « maquillages » et elles sautent le pas du stade du miroir dans un système d’apparition disparition.

 

L’œuvre de la Suissesse ressemble à une machine philologique capable de créer l’ouverture, la béance par effet de « pantonymie » : ratages, éclipses, déliés du lié, litanies somnambuliques, lacunes des lignes discursives où un Imaginaire en fluctuation crée un grouillement. Maya Rochat sort la création d'un univers d'apparition simple pour inventer une résonance poétique particulière : elle met en question autant la vue que le sens. Les deux s'ouvrent à  quelque chose d'insaisissable. Surgit une impossibilité de certitude, de conclusion, de clôture. La dynamique du continuum est remplacée par des surimpressions ironiques non insignifiantes mais mal signifiantes qui est le propre même de la subversion dans l'art.


Jean-Paul Gavard-Perret


Maya Rochat, "Crystal Clear", Editions Patrick Frey, 2014.

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.