Les fêtes galantes de Katia Bourdarel
A la verticale ou à l’horizontale, les femmes de Katia Bourdarel semblent sortir fraiches émoulues du jardin d’Eden. L’hyperréalisme de l’artiste les rend plus savoureuses - qu’elles soient isolées dans l’image ou prêtes à des ébats de nymphettes légères. Elles changent de certaines comptines en jouant de leurs drapés comme de leur nudité. Il y a fort à parier que de telles sirènes ont des carnets d’adresses surpeuplés. Dès que leur collier glisse tout semble possible même si pour le regardeur reste sur leur peau de l’absolument séparé.
Katia Bourdarel
multiplie les forêts des sens. Le corps déploie ses ailes même s’il reste
habilement masqué. L’amour demeure donc
en partie muré : rien ou presque n’en sera visuellement murmuré. Mais par
effet de réel le rêve happe en son rébus de fêtes galantes. La femme n’y est
jamais mangée par l’ombre. L’artiste pour la suggérer emprunte un chemin
d’effraction mais aussi une porte dérobée et elle se fait Médée exploratrice
des pleins et des déliés. S’y frôlent
bien des cratères aux vagues telluriques et secrètes. En louve de steppes des songes l’artiste sait
tromper les pas des chasseurs. Ils ne pourront que caresser du regard une telle
peinture océanique, mouvante. Dans la fente du jour germe la nuit, et en celle
de la nuit le jour. Le tout en une
syntaxe de métronome d’une œuvre de passions. L’image s’y fait chair mais ne sacrifie
jamais l’agnelle. Celle-ci devient même sultane prête à se consumer en flambées de broussailles.
Jean-Paul Gavard-Perret
Katia Bourdarel, Galerie Eva Hober, Paris.
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