Avec Bojana Novakovic, Adshley Noelle et Monroe Alvarez , photographes et  muses sont impliquées et imbriquées dans les prises. Bojana Movakovic, l’aînée, fut reconnue pour ses photos du Népal  par Cara Delevingne qui contribua à sa notoriété. Ashley Noelle restitue une flamboyance aux femmes comme aux paysages de Los Angeles. Elle ne tombe jamais dans le chromo. La photographe flâne au cœur de la ville, la femme semble en surgir comme une étoile mais pas seulement d’Hollywood Boulevard. 

Les photos sont rarement enjouées : y rode une sorte de gravité. Par la géométrie des lignes le monde retient son souffle. Le mystère demeure. Rien n’en sera dit. Reste l’énigme - dont nul ne connaît l’abîme ou la faille -  et le  désir de la vie malgré tout. Monroe Alvarez semble avoir retenu les mots de Rilke pour photographier son modèle : « N'être plus ce qu'on a été entre des mains infiniment fragiles  / et abandonner jusqu'à son nom comme un jouet cassé ». Mais la photographe plutôt que d’enrouler les bras de l’amante  autour de son cou exprime le désir par effet d’éloignement dans des jeux d’ombres et de lumières.

Les trois photographes montrent combien chaque rencontre est mystérieuse à la fois pour la photographe, son modèle et le tiers témoin. Les œuvres sont aussi sensuelles que subtilement décalées. Jouant avec leurs modèles les artistes suggèrent un plaisir et une tendresse qui peuvent naître surtout entre des femmes. Aucune ne tire la couverture à elle. Et parfois la découverte joue d’une ironie subtile par les effets de décors.

Jean-Paul Gavard-Perret

Bojana Novakovic, Ashley Noelle et Monroe Alvarez  in “Photos Femmes” , De Re Gallery, Melrose avenue, Los Angeles, avril-juin 2016.