Slim Aarons : oboles pour les voyeurs
A 18 ans Slim Aarons s’engage dans l’US Army où il devient photographe de guerre. Mais très vite il quitte l’uniforme, va en Californie pour photographier les célébrités que l’on nommait pas encore « peoples ». Il devient photographe des stars (Clark Gable, Van Heflin, Gary Cooper, James Stewart). Il les capte sans recours a une préparation pas un styliste ou un maquilleur. Puis il poursuit sa carrière par ce qui fit son succès : à savoir la photographie des femmes les plus « attractives » dans des lieux et postures idoines.
Chaque prise est le fruit d’une longue patience afin qu’une immanence enjaillisse. L’épreuve est un bloc d'espace-temps, une coupe instantanée qu’Aarons diffuse en tous sens et en toute direction. L’univers du photographe ondule entre le rêve et la réalité, l’ombre et la lumière dans une narration où le corps reste la référence. Le photographe donne l’impression que ses images attendent le voyeur. Qu’elles n’attendent que lui. Ce dernier sait qu’il se trompe mais s’en moque et n’en demande pas plus. Il en retient leur plan d'immanence et leur coupe mobile.
Jean-Paul Gavard-Perret
Slim Aarons, « Women », Abram Book, N-Y, 2016
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