B.B. II : Brigid Berlin et la Factory


Andy Warhol qui contrôlait tout laissa pourtant capter jusqu’à sa propre image par Brigid Berlin. Il est vrai qu’il s’agit d’une des silhouettes les plus insupportables et historiques de la Factory. Souvent violente, intempérante,  jalouse  elle ne pouvait supporter Edie Sedwig autre égérie du lieu. Peu soucieuse de son physique (euphémisme) elle ne se privait pas d’être méprisante - avec l’arrogance de sa richesse et une réelle vocation de rebelle -  envers tout ceux qui ne l’intéressaient pas.

Elle fut une sorte de Janis Joplin de la photographie aimant autant s’encanailler que faire peur. On dit même que les hippies fuyaient lorsqu’il la croisait... La plupart des polaroids édités dans ce livre avaient  été conservés dans des boîtes depuis les années 1960 et 1970, et n’avaient encore jamais été montrés.
Ils constituent le Who’s Who de la  Factory. Warhol   Lou Reed, Nico, Diana Vreeland, Patti Smith, Dennis Hopper, Gerard Malanga,  Ultra Violet mais aussi de tout l’art de l’époque s'y retrouvent. Le plus intéressant reste sans doute la vision  que la photographe donne de Warhol. Néanmoins ces polaroids dépassent le seul intérêt du document. Brigid Berlin y fait preuve d’un réel sens plastique et d’une capacité à saisir l’intime avec une réserve astucieuse. Elle fait toucher l’intime par le jeu du lointain.

Jean-Paul Gavard-Perret

Brigid Berlin, “Polaroids”,  Real Art Press, New-York, 2016, 50 E.

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