Badar : l'œil écoute

Le règne des éléments est toujours présent dans l'univers renvoyé par les toiles de Badar mais de manière séquentielles. L'univers est un mixage aérien et tellurique. La matérialisation des éthers se fait non sans violence de la picturalité. Car l'artiste est plus coloriste que dessinateur.

Le minéral et le végétal se transforment en cristallisation, dilatation et fusion là où l'œil demeure comme figuration pour regarder la peinture du dedans. Il constitue le point de capiton d'œuvres armées de lumière interne et de chaleur infuse. Plus que miroirs il faut donc parler de miroitements témoins d'une incandescence.

La matière solidifie et transforme la naïveté du dessin. Elle propose une fantasmagorie qui renvoie à quelque chose d'archéologique. En de tels ensembles poétiques surgissent des espaces où l'œil est à l'écoute d'une lumière étrange. Elle constitue le reflet des origines où l'idée d'un paradis perdu demeure vivace.

A travers ses trois règnes et ses quatre éléments le monde est traité de manière symbolique et vériste afin que se détache de la masse des couleurs plus que des formes, un bondissement carnavalesque où errent divers types de présences.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Badar, "Terre Amère"; Salle de la république, Cambrai, du 21 au 26 mars

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