Les apostrophes silencieuses de Dietlind Horstmann-Köpper - Entretien avec l'artiste

Dietlind Horstmann-Köpper est la digne héritière des expressionnistes de son pays. Artiste d'exigence elle ne triche pas, refuse de faire tomber le regardeur dans un décor.
C'est pourquoi ses oeuvres nous apostrophent dans leur silence et la complexité et l'ambigüité de ses représentation.
La peinture pour elle n'est jamais un placebo mais elle nous accueille sans souci de hiérarchies aussi bien par la représentation des corps que des paysages.

 

Exposition La vie selon Dietlind Horstmann-Köpper
Galerie Ruffieux-Bril, Chambéry, du 17 janvier au 23 février 2019

 

 

Qu'est-ce qui vous fait lever le matin ?
Ma curiosité pour le jour qui vient.

Que sont devenus vos rêves d'enfants ?
J'ai toujours voulu devenir artiste et peindre. Néanmoins il m'a fallu quelques années pour revenir à ce rêve et le réaliser.

A quoi avez-vous renoncé ?
Aux études de médecine.
 

D'où venez-vous ?
D'une famille de la petite bourgoisie du nord de l'Allemagne.

Quelle est la première image dont vous vous souvenez ?
Les petits chiots dans la maison. Ils ont été les tout premiers bébés de la famille de Shepard notre chien bien aimé.

Et votre première lecture ?
Heidi de Johanna Spyri. Un film plus récent avec Bruno Ganz, en 2015, a donné une bonne interprétation de ce que j'avais compris lorsque j'étais enfant.

Qu'est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
J'essaye de rejeter tout ce qui est "décoratif" et qui n'appartient pas en profondeur au sujet que je peins. Ma règle : ne jamais embellir et ce de manière inconditionnelle.

Où travaillez-vous et comment ?
Je travaille dans mon atelier à la campagne dans le nord de l'Allemagne. Le moteur de mon travail artistique est depuis toujours le phénomène de la couleur et la confrontation avec la masse corporelle de l'être humain ainsi que celle des animaux telle qu'on la trouve chez Soutine. Il s'agit pour moi de la préhension du corps sur le plan sensuel autant que psychique. SusceptibiIlité, douleur, désir, vitalité, l'éphémère sont le contenu de mon oeuvre dans laquelle je cherche formellement de nouvelles possibilités.
J'ai grandi avec les animaux, je vis avec des animaux ils m'accompagnent dans la vie. J'étudie l' ambivalence que représente le fat que les hommes s'identifient sentimentalement et comment cela peut devenir emblématique.

Est-ce possible ?
Dans mon nouveau cycle "Vie de famille", je réfléchis sur mon origine et le fait d'avoir grandi dans une autre époque. En particulier je suis intéressé par le fait que les animaux peuvent donner du réconfort à un être humain, tout particulièrement aux individus qui ont l’âme meurtrie, cela aborde la question de leur côté sombre, de leurs sécession

A qui n'avez-vous jamais osé écrire ?
Pourquoi devrais-je oser écrire à quelqu'un ?

Quelles musiques écoutez-vous ?
Classique, Opéra, Edith Piaf, Chavela Vargas, la musique Klezmer.

Quel livre aimez-vous relire?
Les vaisseaux du coeur, Benoîte Groult .

Quand vous vous regardez dans votre miroir qui voyez-vous ?
Ma mère. Et parfois mon père tout aussi bien.

Quels lieux ont valeur de mythe pour vous ?
Rome et l'Ecosse.

De quels artistes vous sentez-vous la plus proche ?
Chaim Soutine, Francis Bacon, Maria Lassnig, Paula Modersohn-Becker.

Quel film vous fait pleurer ?
Beaucoup ! Mais dans le genre "Casablanca" et "Unser letzter Sommer (Our last summer)" de Michael Rogalski les dépassent tous.

Qu'aimeriez vous recevoir comme cadeau d'anniversaire ?
Une paire de chaussures chics.

Que vous inspire la phrase de Lacan "L'amour c'est donner quelque chose qu'on a pas à quelqu'un qui n'en veut pas" ?
Et celle de W. Allen "La réponse est oui mais quelle était la question" ?

Pour les deux phrases : Ce que tout homme pensent. Alors qu'ils le disent franchement qu'ils veulent coucher avec les femmes !

 

Présentation, interview et traduction de l'anglais : Jean-Paul Gavard-Perret, le 3 janvier 2019

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.