Graphiste et illustrateur belge Elzo Durt compose ses images à partir de collages numériques qu’il imprime le plus souvent lui-même en sérigraphie. Son univers d’inspiration psychédélique et dramwork est celui d'une fantasmagorique urbaine quasiment dystopique.

Directeur artistique de la revue Voxer, il a également réalisé de nombreuses pochettes de disques pour le label Born Bad. Son travail est aujourd’hui exposé dans le monde entier.

Dans son approche de l'éros et en reprenant pour son exposition bruxelloise un titre à la Bashung, d’un côté tout semble appartenir à un visible ouvert, de l’autre à une apparition presque désœuvrée, caviardée, endommagée mais afin que jaillisse un merveilleux.

Existe un dessaisissement permanent par la vision avec l’impossible identification des lieux et des corps. Qu’il s’agisse de marquer l’unité ou l’identité de certaines parties, les plus élémentaires, tout se passe comme si la concentration directe sur une partie du corps déclenchait l’annulation. Inversement, l’organisation d’ensemble n’inscrit que la somme dérisoire de points de vue manquants.

Chaque saisie se fait depuis cette approche, cette différenciation. Le réel visible et la réserve du voyeur-voyant ne sont plus que dans la suspension, la balise improbable de l'identité, l’altération de la place du corps dans l’espace là où Durt ne cherche pas un "angle" mais un face à face.

Jean-Paul Gavard-Perret

Elzo Durt, Etrange histoire, Galerie Pierre Hallet, Bruxelles,  du 14 février au 17 mars 2019