L'art de la bâche – billet d'humeur

À chacun sa bonne étoile paraît-il, et cela aussi bien en art contemporain qu'en business puisque visiblement aujourd'hui les deux, la plupart du temps, ne font qu'un !
Aussi, bien que décédé le 31 mai 2020 à New-York, les affaires du pseudo-sculpteur Christo – qui n'ont pas hésité à bifurquer, comme prévu par testament, derrière son corbillard passant, lui, la porte du cimetière – reprennent dare-dare du poil de la bâche ces jours-ci à Paris !
En effet, ne voilà-t-il pas que cette fois c’est au tour de l’Arc de Triomphe, monument et tout autant mémorial hyper-national s’il en est, d’être en train de se faire tout bêtement empaqueter comme un vulgaire sans que pourtant, pour autant, personne ne bronche dans les divers rangs déjà installés en ordre de marche vers les présidentielles ! Ni à droite, ni à gauche, ni en haut, ni en bas, pas plus à Paname, qu'en province ! Pas la moindre nuance de Vert au créneau, aucun architecte, non plus – pourtant d’habitude si volontiers tatillon –, des Bâtiments de France levant les bras au ciel. Le talent bâché de feu Christo leur en boucherait-il vraiment un coin, mine de rien, ou s'agit-il d'autre chose ?

Coût de l’opération, 4 millions d’euros siouplaît ! À l'annonce de quoi, Bonjour m’sieur-dame ! j'entrevois d'ici Archimède-le-clochard, deux doigts à la tempe, tournant prestement les talons devant le comptoir en décomposant ! Mais, bon sang de bon sang, quand on vous dit que ce n'est pas le contribuable qui morfle ! Ouf de chez ouf, on l’a échappé belle, c'est Christo and Co qui régale ! Alors, pourquoi se plaindre, puisque c'est gratos, que c'est un cadeau posthume – et pas en toc, ni des moindres, dites donc ! – fait à la France à la face du monde !

En foi de quoi, ni une ni deux maintenant, rentrez-vous bien ça dans la tête, rien d'autre ! Capito ?

Cependant, entre nous, quelle énormité ! Au fond, à la taille du monument, je veux dire de ce qu'il représente qui, tacitement, est ainsi pris à la fois pour caution en même temps qu'en otage ! Oh, une de plus, une de moins, me diront les défaitistes de tout poil ; aux derniers degrés de dérive où nous en sommes… Pour ma part, c'est plus fort que moi, rien à faire, je ne peux m'empêcher de penser, entre autres et à la fois, aux sans-dents  et à ceux qui ne sont rien - souvent les mêmes, d'ailleurs réellement sans abris de surcroît ! - parce qu’ils se trouvent encore et toujours en première ligne et que, de près comme de loin, chaque nouveau scandaleux gaspillage de ce genre aggrave encore et encore la précarité de leurs situations. Comble de malheur, notre vieux Coluche n'est plus là pour nous faire au moins se fendre un peu la poire ou la pêche avec lui de tout ça, tous en chœur, pour garder le moral !
Pour garder "l'œuvre" par contre, n'ayons crainte, il y aura la police, l'armée, et tout le tremblement. Comme pour la tour Eiffel, une prochaine fois ; en attendant gardée au frais tel un Champagne ?

Maintenant, une question – simple curiosité malsaine, diront les uns – tout à fait en dehors des clous de l’indécente histoire de fric, un fric de dingue comme dirait l'autre : le bilan carbone de l’opération, lui, quel est-il vraiment, en réalité ?
Voilà ce qui  aujourd'hui que la planète suffoque à mort, nous et nos enfants avec  pourrait être examiné en amont de chacun de tels projets aberrants et pourrait servir de levier pour peut-être inverser légalement les forces en pareil cas, diront les autres dont je suis, évidemment.

André Lombard

PS : selon Théodore Monod : L'utopie n'est pas l'irréalisable, mais l'irréalisé.

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