Les Silences de Julien Gracq

Voilà bientôt dix ans que Julien Gracq s’est éteint. Si, étrangement, le timbre de sa voix ne nous manque pas, c’est que l’auteur du Rivage des Syrtes s’était tu depuis longtemps déjà, pour ne pas dire depuis toujours. Car Gracq était de ces écrivains qui refusaient de paraphraser leurs romans sur la piste du cirque médiatique. « Il n’y a pas de raisons, écrivait-il, qu’un auteur ait à ajouter à ce qu’il publie, et qui devrait être autosuffisant. La bonne règle serait plutôt que l’auteur – en tant qu’auteur – se résorbe dans ce qu’il a fait.»  

Alors, pour prolonger l’œuvre de Gracq, pour la fouiller, l’éclairer, il y a d’autres livres. Jour  d’octobre de Roger Aïm est l’un d’eux. Mais davantage qu’un hymne à Julien Gracq, ce petit livre est un hommage à la lecture. Il illustre comment un (grand) écrivain peut changer la vie d’un homme, la densifier, lui donner un sens. Si Jour d’octobre  est un texte qui revisite l’œuvre de Gracq, il s’arrête aussi – et surtout – sur les émotions qu’elle suscite chez son lecteur.

En marchant sur les pas de l’auteur, Roger Aïm se penche sur ses propres impressions, ses souvenirs. Saint-Florent-le-Vieil, sous son ciel bas d’automne, apparaît ici comme le terreau de l’œuvre de Gracq. L’attente, la quiétude, la conscience du temps qui s’écoule : les thèmes du grand écrivain sont là, sur les chemins qu’il empruntait. C’est là aussi que se retrouvent ses lecteurs. Ceux-là, généralement, ne sont pas des gens pressés. Ils partagent le goût des mots, celui de la marche, et se plaisent à retrouver le rythme de la phrase gracquienne dans celui de leur pas. 


Pour toutes ces raisons, Jour d’octobre est un petit ouvrage à contre-temps. Une pause, une méditation, une invitation à (re)découvrir une œuvre maîtresse du vingtième siècle.


Roger Aïm, Julien Gracq, jour d’octobre, Editions La Simarre & Christian Pirot, novembre 2016, 80 pages, 11 €

11 euros 
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