Claude Cahun Cielle et Lyeuse
Les autoportraits de Claude Cahun posent la question de l’identité et du genre
(qui actuellement fait râler les imbéciles adorateurs du seul binaire). Avec l’artiste - même si elle n’est
ni Brassai ni Man Ray - le genre n’est pas un mur mais une porte à battants. Le
corps est une voie d’accès à l’autre en lui-même. Il est comme un peuple en
lutte. Il sort, il se replie, se grime pour se retrouver. Il a parfois envie de
se recommencer et parfois de se finir.
Les photographies de l’artiste
le remettent au monde au besoin le « déguisant » pour que le réel
s’ouvre et qu’il avance autrement qu’à
tâtons en se heurtant sur l’arrête des choses. Claude Cahun en cultive l’altérité et prouve
que ce n’est pas un vice d’en posséder un qui se multiplie et dont les ombres
sont aussi des lumières. On entre alors
dans sa peau par divers sillons et passes. Il est Cielle et Lyeuse,
érige une passerelle reliant le physique au mythique réinventé dans la courbure
de la nuit pour atteindre plus de jour.
Jean-Paul Gavard-Perret
Claude Cahun, Pickpocket, Derrière la salle de bain, Rouen, 6 €.
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