Elizabeth Prouvost : Lautréamont revisité

Sortant à peine de l'Enfer de Dante où ce qui restait du corps se refermait, grâce à Lautréamont, Françoise Prouvost en exhume des fragments dont la lueur ne peut que nous inquiéter.
En effet en leurs mouvements ils gravitent sans fin autant dans le souvenir de la beauté que de la douleur et de  l'horreur. D'où cette danse sans fin. Entre autres du désir. 

Il dépasse les mots du poème par la tension magique des formes à la recherche de l'accomplissement, du partage mais aussi de la solitude. Tout devient fusion, bouillonnement. Le regard se perd entre bras, fesses, ventre, cuisses. 
Même si dans de telles chorographies l'abstraction rend les corps inaliénables et irrésolus, la chair toutefois palpite. Elizabeth Prouvost s'en fait la démiurge. Les appétits s'aiguisent dans un silencieux tumulte. Si bien que dans le presque noir, l'horizon est sans limites.
En un tel grouillement quasiment aquatique de profondeur d'abimes, la jouissance comme la douleur restent sans limite. Il y a des torses, des vulves, des pubis offerts. Dieu n'est plus ici. Du moins pas en totalité.


Jean-Paul Gavard-Perret

Elizabeth Prouvost, Prouvost / Maldoror, éditions Tetras Lyre, septembre 2021, 96 p.-, 18 €

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