Eric-Emmanuel Schmidt, Odette Toutlemonde : L’essentiel est ailleurs

Des romans pour monsieur et madame « tout le monde »... Cette critique-là, Éric-Emmanuel Schmitt a dû l’entendre et la lire plus souvent qu’à son tour. Lui qui a courageusement décidé, il y a déjà longtemps, qu’il était possible de faire de la « vraie » littérature avec de beaux sentiments.

 

Comme il n’est pas un écrivain tout à fait comme les autres, Éric-Emmanuel Schmitt sait mettre en scène ses propres fêlures… et les tourner à son avantage, cela va sans dire. À cet égard, Odette Toutlemonde, la nouvelle qui donne son titre à ce recueil, est une indéniable réussite. La figure du « grantécrivain » populaire (Balthazar Balsan) secoué par une middle life crisis au contact d’une lectrice pour le moins modeste ne brille pourtant pas par son originalité. Comme dans tous ses autres romans, l’essentiel est ailleurs. Car rien n’intéresse autant Éric-Emmanuel Schmidt que la grâce. Sa force. Sa capacité à sourdre là où on l’attend le moins. Sa capacité de rédemption, plus que tout. Et de la grâce, cette Odette, belge et un peu rustre, en déborde... Parfois même, la grâce agit à notre insu, comme dans cette étonnante nouvelle d’une Tatie Danielle détentrice d’un Picasso qui bouleverse la vie d’une jeune étudiante japonaise.

 

La vie ne se programme jamais, nous expose-t-il en substance. La grâce n’est jamais là ou quand on l’attend. Ni pour le commun des mortels, ni pour les écrivains qui semblent ronronner sur l’autoroute du succès. Éric-Emmanuel Schmitt n’est pas qu’une grosse berline tape-à-l’œil qui fonce vers le best-seller suivant. À sa manière, en entraînant à sa suite son lectorat, il cherche désormais autre chose...

 

Frédéric Mars

 

Eric-Emmanuel Schmidt, Odette Toutlemonde et autres histoires, Albin Michel, 288 pages, octobre 2006, 19 €; Le Livre de Poche, février 2009, 212 pages, 6,60 €

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