Le Siècle d’or de la peinture danoise – Une collection française

Il y eut le succès de l’art français du XIXe siècle. Mais que cela ne fasse pas oublier que le reste du monde n’est pas resté les bras croisés. 


Concomitamment, des écoles de peinture (et de sculpture) ont vu le jour. Elles aussi avaient une visée particulière : offrir une autre idée de leur temps. Ainsi, pour qui va visiter les musées des grandes villes européennes, il constate la présence d’une création extrêmement riche. Et qui s’est développée en parallèle à la révolution industrielle. Cela est particulièrement visible au Danemark.


Une exposition présente ces chefs-d’œuvre au public français. Elle se tient à Roubaix, à La Piscine – musée d’art et d’industrie André Diligent (12 octobre 2013 – 12 janvier 2014). Puis se rendra au Havre, au MuMa – musée d’art moderne André Malraux (8 février – 12 mai 2014). Elle est aussi particulière dans le fait qu’elle est le fruit de la passion d’un collectionneur. Et renouvelle l’exposition du Grand Palais (1984-1985) qui ouvrait au regard français l’âge d’or danois.


C’est au XVIIIe siècle que la prise de conscience a lieu. Paradoxalement, alors que France et Angleterre se livrent une bataille sans merci, entraînant par la même le reste de l’Europe à sa perte, le Danemark est favorisé par l’augmentation du prix de vente des céréales. Le niveau de vie augmente et soudain apparaît l’idée qu’il y a un bien précieux à sauvegarder. S’en suivront une suite d’erreurs politiques et stratégiques qui feront fondre le royaume (qui devra céder la Norvège à la Suède en 1814, guerre avec la Prusse en 1848, perte des duchés de Schleswig et du Holstein, en 1864) et appauvri la population. Mais entre temps quelques artistes de génie immortaliseront le temps et l’espace. 


L’école de peinture de Copenhague développa un style bien à elle. Portée par les premières générations d’artistes qui firent le voyage d’Italie. Abilgaard (à la fin du XVIIIe siècle) et Eckersberg, bien après, que l’on appela le père de la peinture danoise. Qu’est-ce qui fait la différence ? Une lumière particulière qui illumine cette apparente simplicité dans les portraits. Un goût prononcé pour les paysages. Rarement scène champêtres auront été si magnifiquement peintes, inspirant au spectateur le climat rude et ce relief typique de ce pays pénétré de tous côtés par la mer…


Un collectionneur français s’est passionné pour cette école danoise. Il ne lui fallut que quelques années pour réunir plus de deux cents tableaux. Un siècle entier de peinture ! Et si les plus grands y sont (Abilgaard, Eckersberg, Lundbye, Melbye, Rorbye), cet ensemble inédit réunit presque tous les artistes de l’époque. Quelle gageure ! Ce qui donne une tonalité toute particulière à cette exposition. Patchwork discret et envoûtant composé de mers et de campagnes. D’animaux et d’humains en des portraits touchants, sensibles…


Plusieurs essais peignent cette réponse métaphysique au mal-être danois de l’époque et nous expliquent les symboles des paysages. Avant que le catalogue n’occupe la seconde partie de l’ouvrage. Et un dictionnaire des quatre-vingt artistes exposés clôt ce très bel album.


Annabelle Hautecontre


Jonathan Lévy (Paris-IV) et Jens Toft (Université de Copenhague), Le Siècle d’or de la peinture danoise – Une collection française, 200 x 260, 230 illustrations couleur, Gallimard, octobre 2013, 216 p. – 35,00 €

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