Pour & contre l’amour : la grande illusion de Lavie

Mon ange silésien est contre, je suis pour, est-ce pour autant qu’il durera trois ans et s’éteindra ou que nous agissons l’un et l’autre dans le contraire d’une posture mais bien dans l’approche d’une problématique qui s’appréhende aussi facilement qu’une savonnette dans une baignoire ?

Le jeu de l’amour et du hasard que Marivaux a magnifiquement décrit est l’attrape-cœur des Hommes, une histoire sans fin qui se résume ici parfaitement dans un dialogue surréaliste entre un homme qui attend une femme pour dîner dans un restaurant, et sa conscience qui le taraude. Jiminy cricket perché sur l’épaule de notre Pinocchio, il n’aura de cesse de lui mordre l’oreille en avançant des arguments contraire à son dessein.
Résumant à peu de choses près ce que nous vivons chaque jour en nous mentant – consciemment ou non – pour qu’advienne le terme que l’on s’est assigné…

Contre, par pragmatisme pour éviter d’admettre qu’une pensée peut tout. Pour, par poésie d’un ailleurs matérialisé dans l’âme du compagnon de toujours, cet ami imaginaire qui nous accompagne depuis notre enfance et que le désir physique cristallisera dans une chair.

Contre, par protection d’une souffrance à venir quand les petits maux du quotidien balayeront les mots qui conduisirent à y croire. Pour, avec la délectation de plonger dans le tourbillon de la vie sans penser plus loin que la minute d’après, jouir de l’instant dans le plaisir d’aimer.

Contre, puisque l’amour est aveugle, on le sait, mais il est sourd tout autant. Il a aussi tendance à rendre bête et à se transformer en appétit de domination, de contrôle. Pour, en terrassant la peur de l’attente, en admettant de se tromper, en osant l’expérience quitte à ne pas s’en relever…

Mais sinon, quoi d’autre ?

 

François Xavier

Jean-Claude Lavie, Pour et contre l’amour, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », septembre 2018, 45 p. – 7,50 €

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