Kerwin Spire à la recherche de Romain Gary

D'emblée Romain Gary devient un auteur a succès. Il reçoit le prix Goncourt en 1956 pour Les racines du ciel.  Fort de ses succès il quitte la diplomatie écrit le secondaire mais best-seller Les oiseaux vont mourir au Pérou, épouse l’actrice Jean Seberg, fait paraître un roman humoristique, Lady L., se lance dans de vastes sagas  plus ou moins ratées :  La comédie américaine et Frère Océan.  
Le tout avant de réussir ses livres crépusculaires : Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable, Clair de femme. Le tout en doublant son oeuvre de celle de son "ombre" (un temps scénarisée) Emile Ajar. Cela fera l'objet du troisième tome de cette trilogie.
Comme Romain Gary, Kerwin Spire reste ici un maître des récits qui se déroulent comme un films d'aventures mais subtilement commenté où se croise entre autres le gratin de la nouvelle cinquième république. Propre à faire vivre son héros, Spire a compris son époque, ses lois, sa réalité et il aurait sans doute pressenti l'échec de Gary cinéaste. Il montre aussi les faces multiples d'un tel homme qui en surdoué de l'écriture donnera une gifle à ceux qui méprisèrent les oeuvres signées de son nom en passant par Ajar  qui lui permit d'entrer dans l'histoire des lettres en obtenant un second prix Goncourt.
Kerwin Spire permet de laisser poindre combien sous sa superbe, Gary a su rester à la fois modeste et ambitieux dans sa manière de matérialiser le réel même lorsque celui-ci est d'une affligeante banalité. Rien n'est pourtant plus difficile. Et faisant siens les mots de Paul dans l'Epître aux CorinthiensAujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir d'une manière obscure, il a cherché une visibilité à ce qui demeure caché. C'est à cela qu'un tel livre offre une ouverture.

Jean-Paul Gavard-Perret

Kervin Spire, Monsieur Romain Gary, Gallimard, novembre 2022, 240 p.-, 20,50 €

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