Dans les mots les plus simples et ramassés Claude Manière reprend la thématique classique de la consolation (dont notre époque a tant besoin). Le texte devient l'incarnation d'une destination de sur-vivance qui maintiendrait le sens du corps comme l'équinoxe de l'être.
Le but de la vie devient la nécessité d'espérer en l'humanité par une succession d'initiations face à ce que nous avons fini par perdre de vue. D'où la recherche d'un sens pour l'entendement humain face à ce qui tue ou ce que nous détruisons.
Chaque vers prend ici une profondeur pour dire avec justesse le monde et l'être afin qu'ils se rejoignent au cœur de leur substance.
Preuve que Minière n'écrit jamais pour rien. Il crée avec les bons mots et sans pathos les arcanes de l'énigme intime à travers nos impressions de corps et de temps loin des formules magiques qui estiment tout résoudre mais ne sont que faillites.
Existe là un appel face à ce qui nous confond ou que nous confondons. Et ce, pour le vivant, afin de le rejoindre, de le réanimer.

Jean-Paul Gavard-Perret

Claude Minière, Consolation, Gallimard, juin 2023, 104 p.-, 12€