Naples est désormais à Paris : capito ?!

Enfin... pour six mois seulement ! Le temps des travaux napolitains. Cet événement unique se tient donc jusqu’au 8 janvier 2024 et permet au Louvre de faire œuvre de modestie : non, il ne détient pas, seul, la plus belle collection d’œuvres italiennes. Ainsi ont transité quai de Seine les tableaux de Titien, du Caravage, d’Artemisia Gentileschi, de Michel-Ange, de Raphaël… autant de chefs-d’œuvre que la Grande Galerie accueille pour notre plus grand bonheur. Positionnés au sein des collections italiennes du Louvre, elles offrent au regardeur un rare dialogue. On y (re)découvrira avec plaisir les trésors du musée parisien et l'on y distinguera les œuvres de Capodimonte par leurs cartels rouges. Les commissaires ont dressé le plan d'accrochage en fonction des tableaux présentés en permanence à Paris. Une exposition étonnante !
Et qui se conclut par cet imposant catalogue de très belle facture. Les reproductions photographiées sont rendues dans un imprimé mat qui redonne toute la force initiale de la peinture, installe les siècles passés, ouvre à la contemplation…
Le royaume de Naples se réduit à cette ville, la seule d’Italie qui ait le bruit et le ton d’une capitale, disait Stendhal en 1826. La seule rescapée du monde antique, également, qui n’ait pas péri comme Ilion, Ninive ou Babylone… L’Italie à l’histoire agitée qui aura donné naissance à tant de merveilles. La rencontre, ici, le temps d’une exposition, de deux des collections les plus significatives de l’art européen transforme l’histoire tourmentée des nations et l’ambition des familles qui ont constitué les États, ici les Farnèse, les Bourbons, la branche française et la branche napolitaine, les Orléans, les Bonaparte, en une confrontation de regards, de lectures et de choix esthétiques qui révèlent souvent la philosophie et la sensibilité des nations faisant émerger deux interprétations de l’histoire de l’art dues aux choix comme aux accidents de l’Histoire.
Ancien palais royal – comme le Louvre et l’Ermitage – le musée de Capodimonte, jadis entre forêt et volcan, vit sa première pierre posée en 1738. Mais ce n’est que vingt ans plus tard que le roi se décide à faire venir à Capodimonte les œuvres entassées depuis si longtemps au Palais soumises aux caprices du voisinage de la mer. Puis en 1759 on y transféra 197 tableaux provenant de divers lieux de Naples. Après moult aventures, et les razzias de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs collections furent regroupées (Farnèse, Bourbon, Avalos et Borgia) et le 5 mai 1957 naquit les Museo e Gallerie Nazionali di Capodimonte…

Raffaello Santi, dit Raphaël, "Moïse devant le Buisson ardent". 1514Museo e Real Bosco di Capodimonte. (Per gentile concessione del MIC-Ministero della Cultura, Museo e Real Bosco di Capodimonte)

Autre particularité : le Louvre et Capodimonte sont, chose extrêmement rare, en possession d’un fonds particulièrement riche en cartons dessinés sur papier par les plus grands maîtres italiens : Michel-Ange, Raphaël et leurs contemporains. Attention, carton ne signifie pas cette croute d’emballage que l’on utilise tous les jours, mais un dessin de grande taille et/ou aux mesures identiques de l’œuvre à exécuter.
C'est dans la salle de l'Horloge que vous pourrez les observer d'autant que Capodimonte possède une collection exceptionnelle, parmi lesquels un Moïse devant le Buisson ardent de Raphaël. Par la renommée de leurs auteurs, ces cartons sont devenus des chefs-d'œuvre prestigieux, des œuvres d'art à part entière.

Annabelle Hautecontre

Sébastien Allard, Sylvain Bellenger et Charlotte Chastel-Rousseau (sous la direction de.), Naples à Paris – Le Louvre invite le musée de Capodimonte, 200 illustrations couleur, 231 x 308, Gallimard, juin 2023, 320 p.-, 42€

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