Roche Limit, tome 1 – Singularité

Roche Limit est une colonie construite sur une planète naine. Sa construction fut initiée par Langford Skaargard, un millionnaire qui voulait faire franchir à l’humanité une nouvelle étape dans l’exploration spatiale. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu : la colonie s’est transformée pour ressembler à la Terre. Elle est devenue synonyme de crime et de corruption. Et pour ne rien arranger, elle est construite aux abords d’une anomalie spatiale. C’est dans ce contexte que disparaît Bekkah. La sœur de la jeune fille est bien décidée à la retrouver. Mais son enquête pourrait bien l’amener à percer les plus sombres secrets de Roche Limit…

 

Roche Limit est un comic book de science-fiction matinée de polar et d’existentialisme. Il faut imaginer une histoire dans la veine de Blade Runner, Gattaca, Solaris, 2001 ou Moon, avec un soupçon de Raymond Chandler ou de Stanislas Lem. Oubliez donc le space opera, nous ne sommes pas dans Star Wars !

 

Et justement l’intrigue fait pour le moment penser à un polar noir dans l’espace, avec son héros qui vient en aide à la jeune demoiselle en danger, probablement à ses dépens. Le mélange SF-polar fonctionne plutôt bien, surtout parce que Michael Moreci dépeint une ville dépravée et déchue.

 

Aux dessins, Vic Malhotra livre un travail précis, original et particulièrement réfléchi. Malhotra cherche à restituer un curieux mélange de familier et d’originalité. Le résultat est tout à la fois classique et rafraîchissant. On a Roche Limit, cette colonie qui devait devenir le fleuron de l’humanité, qui est devenue un repaire de racailles. Malhotra illustre bien ce rêve futuriste brisé en s’inspirant notamment de Blade Runner ou de Dark City (avec quelques emprunts à Moebius).

 

La série Roche Limit étant conçue comme une trilogie de cinq épisodes, et je suis assez curieux de lire la suite. Pas sûr que Roche Limit trouve son public de ce côté-ci de l’Atlantique, vu le nombre d’excellents comic books de science-fiction disponibles sur le marché français. De tête, je pense à Lazarus, East of West, Trees, Orphelins, ou encore Black Science, sagas que je défends régulièrement sur le Salon Littéraire.

 

Si pour le moment Roche Limit n’atteint pas, à mon avis, le niveau de ces œuvres, il a pourtant ses qualités qui pourraient bien séduire les amateurs d’une SF peut-être un peu plus adulte et plus introspective. Un public curieux d’univers originaux. De plus, il y a un je-ne-sais-quoi qui me fait croire qu’on tient un comic book qui pourrait bien éclore dans les futurs tomes : nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise. Nous serons un peu mieux fixés après le tome deux.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Michael Moreci (scénario), Vic Malhotra (dessins)

Roche Limit, tome 1 – Singularité

Édité en France par Glénat (3 février 2016)

Collection Comics

160 pages couleurs, papier glacé, couverture souple

15,95 euros

EAN : 9782344012000

 

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