Hedda Gabler de Henrik Ibsen : de part en part inventif et dynamisant.

Le décor, sobre, moderniste, est constitué de deux cloisons, l’une de béton, l’autre de verre, installées sur un support tournant. Cette maison ouverte, qui sera l’unique cadre de l’action, forme un cadre de transparence opaque. Katharina Schüttler compose un remarquable personnage, concentré de désir retenu ; elle irradie d’emblée une troupe d’une grande qualité. Une série de miroirs placés au-dessus de la scène permet de réfléchir en les diffractant un peu les parties du plateau dérobées à notre vue, ou de rendre visible un autre aspect de la scène à laquelle nous assistons. Le procédé de projection d’images vidéo sur les parois de l’habitation est utilisé à l’ouverture du spectacle, puis pendant les brefs intermèdes musicaux. La cloison centrale, constituée de panneaux de verre coulissants. A de nombreuses reprises, les acteurs doivent les déplacer pour se rejoindre ; quelquefois ils se heurtent à cette cage de verre qu’ils semblent avoir dressée eux-mêmes.

Thomas Ostermeier explicite la violence des rapports entre les protagonistes du drame, n’hésitant pas à jouer de gestuelles, de petits événements souvent virulents, qui exprimant les malentendus et l’animosité entre les personnages. Il fait de Hedda Gabbler une manipulatrice sans stratégie, un centre d’énergie qui cherche vainement à s’employer, une tacticienne sur la brèche, paraissant comme à la merci de chacune de ses répliques. Un panel de grands acteurs, une scénographie intéressante exploitée avec brio, une ambiance riche et tendue campée à travers des moments musicaux et incarnée dans l’ethos des acteurs. Thomas Ostermeier élabore une mise en scène subtile, qui fait de chaque dialogue un duel, de chaque discussion une passe d’armes.L’ensemble constitue une magnifique fresque, à la plastique achevée, qui pousse l’ironie jusqu’à se jouer de la mort de l’héroïne, présentée dans un ultime tableau sublime, son suicide échappant à l’attention des autres protagonistes. De part en part inventif et dynamisant.


Christophe Giolito


Hedda Gabler de Henrik Ibsen

mise en scène Thomas Ostermeier

Reprise exceptionnelle de la pièce créée en 2005 à la Schaubühne, Berlin.


Avec

Annedore Bauer, Lars Eidinger, Jörg Hartmann, Katharina Schüttler, Kay Bartholomäus Schulze, Lore Stefanek


Scénographie : Jan Pappelbaum, Costume : Nina Wetzel, Musique : Malte Beckenbach,

Dramaturgie : Marius von Mayenburg, Video : Sébastien Dupouey,

Lumiere : Erich Schneider, Surtritrage : Uli Menke, Crédit Photo : Arno Declair

Spectacle en allemand surtitré


Au théâtre des Gémeaux, 49, avenue Georges Clémenceau Sceaux

Réservations 01 46 61 36 67

www.lesgemeaux.com

Du mercredi au samedi à 20h45, le dimanche à 17h, du 14 au 25 novembre 2012.

De 14€ à 33€, durée 2h15.

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