"Les Français sous le Second-Empire"

Un truc qu’on offre à Tante Ursule parce que c’est rasoir et qu’on garde parce que c’est trop bien !

C’est lent ?

Tout commence… non pas par une nuit sans lune mais par le rappel de la « légende noire » du Second Empire… Il est peut être utile de rappeler que la république, comme toute femme, avait besoin de dénigrer plus ou moins subtilement ce qu’elle avait adoré pour justifier son présent. On poursuit l’ouvrage par ses ambitions : montrer tous les aspects du régime en s’appuyant sur le toute jeune photographie avec les clichés de Disdéri, Mayer ou Pierson.

Bof…

La famille impériale est exposée on reproduit opportunément le montage d’Adolphe Disdéri. A coups de serpe on nous décrit l’arrivée au pouvoir de Napoléon III, son caractère (il est parfois habile de paraître idiot en politique, cela permet d’avoir le soutien des prédateurs). L’impératrice Eugénie expose sa beauté calme sur une pleine page, puis c’est le tour du  prince, son fils unique, victime d’une lance zouloue en 1879. Les auteurs affirment qu’alors la dynastie Bonaparte s’est éteinte. C’est tirer un trait un peu rapide sur la descendance de Jérôme, le plus jeunes des frères du grand Napoléon (tout de même !). 

Le chapitre deux illustre l’intimité familiale, valeur montante avec une citation choisie du journal des frères Goncourt. Des clichés sortis des premiers albums de famille font un effet à la fois chaleureux et glaçant. A la clef, une photographie de petit enfant mort qui a sa place, mise en scène dans l’album (brrrr !). Après la mort, la nourriture (ce n’est pas une faute de frappe), la « pub »…

Ah, tiens ?

On glisse sur la mode avec Frédéric Worth (1825-1895), fournisseur officiel de l’impératrice. Il impose Paris comme capitale de la mode, un comble pour un Rosbif ! Le corset mène la guerre contre l’animalité, il lutte contre les flottements de la « barbaque » de ces dames. Il y a même des morts dans cette guerre : une femme décède suite au corset qui a tellement comprimé ses côtes que cela lui a percé le foie ! On se fait faire le portrait… Seuls quelques uns comme Nadar y révèlent des personnalités. Et Bourjois crée le premier « blush ». Et on a enfin de vaporisateurs de parfum, c’est Guerlain et Molinard, et, eh viens voir ! On réussit à faire les parfums industriellement et pour pas cher !

Eh viens voir !

Paris change une double page sur le bois de Boulogne… Regarde, ça n’a pas changé depuis Haussmann ; mais les costumes, mais les gens ! Une impression se dessine et s’imprime plus fortement et subtilement que les formes torturées de Pompeï… tellement plus proches !  Et L’industrie ! Et, et, et…

La clop arrive et les zanticlops aussi dés 1868 ; La peur des pauvres et les romans policiers, les colonies, ah les belles images de grandeur rassurante.

Il est à moi !

Voila un livre qu’on picore et qui nous dévore. Une rêverie sur photographie succède à une réflexion suggérée par un texte souvent anecdotique mais nerveux et incisif. Un livre à découvrir en famille (si ce mot peut être défendu à notre époque de « Moi Ma Gueule », « oups ! » je fais encore le vieux con !). Seul le Second Empire peut nous donner ce repère de monde actuel et qui a tellement changé ! Tout le bénéfice en revient aux auteurs qui sont à la fois collectionneurs et consultants en conservation préventive et en valorisation des fonds d’archives audiovisuelles (quel métier ! Cela provoque de la gourmandise !). Qui n’a pas dû faire des choix pour un ouvrage ne saura pas leur véritable mérite. Qui ne sait pas qu’un livre illustré est un mariage donc une harmonie difficile ne saura pas leur patience... Voila un livre qu’on offre parce qu’il est beau et qu’on ne sait pas quoi offrir mais… Si on s’y penche, on y tombe, retombe et on le garde ! Après tout Tante Ursule elle est « miro »!


Didier Paineau


Thierry Dahan et Sandrine Sénéchal, Les Français sous le Second-Empire, Privat, « patrimoine », évidemment nombreuses photographies, index, bibliographie, octobre 2006, 160 pages, 35 € 

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