Mais de quel droit ? Tribune libre

C’est hélas devenu une sacro-sainte tradition chez les grévistes que celle de brûler quantité de vieux pneus usagés lors des barrages, blocages, occupations de ronds-points ou d’usines. Travailler moins et dans de meilleures conditions ? Autant urgent que nécessaire !
La qualité de vie des citoyens n’étant évidemment pas, loin de là, la préoccupation majeure des gouvernements, il est, certes, indispensable et même hautement responsable de s'exprimer et d'agir en fonction afin de contrecarrer collectivement le maintien de ce dommageable état de fait actuel.
Bienvenue donc – et comment ! – à l’avènement de la retraite à 60 ans !
Mais, pour y parvenir, est-ce qu'incendier des montagnes de pneus, en respirer soi-même et puis, d'autorité, en faire également respirer aux autres les fumées nocives, n'est pas œuvrer totalement à contre-courant du mouvement, tout cela discréditant gravement tous les participants ?
Et d’abord, de quel droit ?
De quel droit, en effet, s’autorise-t-on d’empoisonner ainsi sans vergogne l’air de tout le monde dont la qualité justement déjà trop souvent sujette à caution, sinon ici et là carrément délétère, en fait aujourd'hui une denrée rare à protéger et donc de plus en plus précieuse pour le présent et l'avenir de chacun ? Les cendres et déchets toxiques finalement générés par de tels incendies allant ensuite, par temps de pluie, directement rejoindre et polluer les nappes phréatiques voisines.
Cela en toute impunité. Ministère de l’Écologie, responsables syndicaux et manifestants, se donnant la main consensuellement, motus et bouche cousue, omerta totale dans les rangs depuis la base jusqu'au sommet de la pyramide sociale.
Pourtant, que l’on sache, de tels agissements ne sont inscrits nulle part dans les modalités légales du droit de grève et de manifester !
Aujourd’hui que – ni plus ni moins c'est une question de survie –  nous sommes mis au pied du mur par l’invisible, il apparaît désormais, en toute logique, que – chacun évoluant encore et toujours dans son propre couloir de nage – ce n’est plus en agissant de la sorte que la moindre victoire tangible nous puisse être de sitôt à portée de main.

André Lombard

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