Nous sommes la France

"Si les deux hommes avaient crié 'Montjoie, Saint-Denis' ou 'Vive le Quebec libre', n'importe qui y aurait vu un lien. Mais avec 'Allahu Akbar', pas de lien"

Le grand intérêt de l'essai né dans l'esprit de Natacha Polony suite aux attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, parmi beaucoup d'autres, c'est d'avoir mis les faits en perspectives et de dénoncer la politique française telle qu'elle a conduit au pire des crime envers la France, son histoire et son peuple : l'aveuglement volontaire face au danger, tous ces signaux (les nombreux "fous isolés") qui ont conduit à ce drame national. Elle fustige les classe médiatique et politique (mis à part le Front national) de refuser de nommer le mal, une peur des mots qui malheureusement perdure (1), voire le cacher derrière un acronyme creux mais rassurant. 

"Sans doute faut-il rappeler à nombre de politiques et de journalistes que les mots que l'n emploie ont tendance à modifier le réel en façonnant la pensée de celui qui l'observe, mais que supprimer les mots n'effacera jamais les faits. Le réel que l'on refoule s'impose de la manière la plus violente qui soit."

Ceux qui veulent instrumentaliser les attentats en ont pour leurs frais. Il n'est pas question de stigmatiser  tel ou tel, de pointer la misère sociale, la discrimination, car à cela Natacha Polony répond : Maxime Hauchard, qui a grandi dans un village de l'Eure, devenu sans que personne ne comprenne vraiment "Abou Abdallah al-Faransi", "le Français", l'égorgeur des vidéos propagandes de l'Etat islamique. Natacha Polony ne revendique qu'une chose : que la République redevienne forte et fière, et impose ses valeurs sans détourner le regard quand un ennemi se présente, quel qu'il soit, qui n'abandonne pas ce que de tout temps elle fut.

Natacha Polony adresse une longue lettre pleine d'une froide colère aux édiles qui vivent - et font vivre la France - dans le déni. Nous sommes la France, ce nous magnifique qui forme tout un peuple, car son livre n'est pas là pour condamner les barbares mais pour forcer au regard en dedans. Et forcer à admettre que la France c'est un peuple avec des valeurs, une histoire, une défense de la laïcité, de la multitude d’ethnies qui vivent ensemble, voulant faire vivre la même idée de la France. 


Loïc Di Stefano

Natacha Polony, Nous sommes la France, J'ai lu,  septembre 2016, 216 pages, 6,70 eur

(1) Un long discours de Bruno Le Maire sur les ennemis de la France" s'ingéniait à ne jamais les nommer sinon par ce terme générique... 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.