"Le cramé", un premier roman survitaminé et violent

"On comprenait à présent pourquoi le chef de cette bande se faisait appeler « le Cramé ». La tignasse brune, les yeux noirs d’un Sicilien et le nez cassé à la suite d’une bagarre en prison, il avait sur la majeure partie de sa joue gauche la marque séchée d’une brûlure : une plaque zébrée de plusieurs sillons rougeâtres. "


Face/off


Ce roman est l’histoire de Gosta, dit « le Cramé », un truand courageux et téméraire, à la tête d’une bande de braqueurs qui lui est dévouée jusqu’à la mort. Pourtant, une de leurs opérations tourne mal et Gosta, après avoir été sauvé par une infirmière, est capturé par la brigade du commissaire Fabiani. Grâce à l’intervention de sa compagne Isabelle, il s’évade avec une seule idée en tête : identifier la balance au sein de sa bande.


Il part se faire refaire le visage et met au point un stratagème risqué mais culotté : se faire passer pour un flic. Il fait enlever le jeune commissaire Ange Gabriel, tout droit débarqué de Nouvelle-Calédonie, prend son identité et infiltre la BAC de Seine-Saint-Denis. Sa première tâche est de retrouver le dossier qui lui est consacré, afin d’identifier le nom de la balance : le dossier est vide. C’est alors que débarque une jeune femme, dont le garçon vient d’être enlevé. Il reconnaît l’infirmière qui lui a sauvé la vie quelques mois avant. Désireux de rembourser sa dette, le Cramé décide de jouer pleinement son rôle de flic et enquête afin de retrouver le jeune Louis.

 

Des stéréotypes et des tripes


L’histoire est stéréotypée, parfois caricaturale dans son approche du rapport flics/truands. Quand on a vu les films de Jean-Pierre Melville, qu’on a en tête the Killer et Face/off de John Woo, le thème de l’infiltration par un truand dans la police n’est pas nouveau. Et on sent chez l’auteur cette culture issue du cinéma américain et hongkongais (Gosta et les flics tombés inopinément sous ses ordres se récitent des répliques du Parrain, culture commune aux flics et aux truands). Néanmoins le thème de l’enfance maltraitée, des banlieues abandonnées à elles-mêmes - d’une criante actualité -, accrochent l’attention du lecteur.


Le Cramé est donc un premier roman parcouru de scories stylistiques, parfois trop verbeux tant dans les dialogues que dans les monologues intérieurs. Pour autant, Jacques-Olivier Bosco écrit avec ses tripes et le fait sentir au lecteur. Le Cramé finit par emporter l’adhésion : à l’auteur de tenir ses promesses.

 

Sylvain Bonnet


Jacques-Olivier Bosco, le Cramé, Jigal, mai 2011, 288 pages, 17€

2 commentaires

Dans la même veine… mais encore plus de… et de … empressez-vous de lire son 3ème roman, Aimer et laisser mourir…

très 007 comme titre le nouveau. Les éditeurs marseillais sont-ils donc si ardents commémoratifs ?