Tu veux savoir ? Répondons tous à Johan Heliot : Moi, oui !

« Lors de votre première journée au collège, vous êtes enfermé dans celui-ci par mégarde à la nuit tombée. Racontez ! » est de ces sujets d’invention que, par le passé, au cours de notre hum hum deuxième sixième, nous avons découvert avec plaisir. Il y avait là, par ces quelques mots, une porte ouverte pour l’imagination du jeune garçon que nous étions. Sans plus attendre, dans un français que nous estimions digne des plus grands auteurs - sauf sur son hortographe (réel) - notre plume parcourut le papier en racontant une aventure dramatiquement géniale comprenant des armures vides se déplaçant dans les couloirs et autres joyeusetés un peu trop issues des univers de fantasy/tastique.

Notre bien aimé professeur (sans aucune ironie) avait en vue un texte plus… réaliste. Et la note s'en trouva donc parfaitement réaliste : aussi basse que notre déception fut grande. Nous qui pourtant adorions les sujets d’invention, nous venions de chuter de notre piédestal doré alors même qu’auréolé de la gloire éphémère du redoublant.

La revanche devait sonner un jour : auteur, la célébrité viendrait à nous suite à l’écriture d’un exceptionnel livre sur les aventures de collégiens dignes des disparus de Saint-Agile.

 

Force est de constater que nous venons tout simplement de nous faire coiffer au poteau. Une nouvelle Némésis vient d’apparaître dans notre univers : Johan Heliot. Pas forcément pour la célébrité que nous souhaiterions lui ravir mais pour l’excellence d’un ouvrage sur le collège que nous aurions voulu écrire.

 

Tu veux savoir est des ces recueils de nouvelles à la limite du sadisme. L’auteur pousse même le vice à s’y inclure et à…  Garderons-nous le secret ? Non, l’anecdote est trop croustillante pour être passé sous silence : à renouveler le scandale de Findus avec autre chose que du cheval, cela pour avoir volé le manuscrit d’une collégienne lorsqu’il était en manque d’inspiration.

Comme toujours, l’empilement de nouvelles présente des inégalités : l’une ou l’autre semble, à nos yeux, sans intérêt (amusez-vous à les identifier) mais leur présence est pardonnée devant le délicieux cynisme des autres.

Car, dans le collège de Johan Heliot, beaucoup de choses pas/peu claires se produisent : les robots deviennent profs, les élèves sont enlevés par des organismes bizarroïdes, le continuum espace-temps souffre de failles dramatiques, les numéros de téléphone donnent la vérité, etc.

 

Neuf textes (à nos yeux huit textes et un « interlude ») pour égayer tranquillement un collégien en manque de son établissement favori lors d’un tour à la montagne ou à la plage. Aucune autre prétention que de faire sourire avec un humour grinçant et des chutes parfois parfaitement surprenantes, voilà de quoi passer un bon été !

Pierre Chaffard-Luçon

Tu veux savoir, Johan Heliot, édition Thierry Magnier, avril 2013, 176 p. - 9,10 €
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