Écrivain. Directeur éditorial du Salon littéraire.

Les Friandises Littéraires de Joseph Vebret

L'art délicat de la collection


La vogue des miscellanées étant passée, le grand XIXe siècle littéraire ayant donné à ce sujet de merveilleux albums qui font les délices des éditeurs précieux et les grands yeux éberlués des jeunes littérateurs, rien de mieux que d'y revenir. Joseph Vebret, en vieux loustic des lettres, nous en fait la belle démonstration.

Petit volume de belle facture, et qui regorge de gravures, ce cache derrière ces Friandises littéraires tout le sel de la culture quand elle est mise au service du jeu. Rien de moins, et rien de plus, qu'un recueil de petits faits, petites dates, petites anecdotes et petites erreurs qui émaillent la littérature et donnent à ce tout la forme d'un opuscule très distrayant. Ces sont des friandises, elles mettent en bouchent mais ne doivent pas alourdir l'estomac où la littérature s'engorge, on le sait depuis Gracq et Jourde... 

De Maigret à Boileau, de Guttembert à Flaubert, autant de possibilités de jeu

Il faut picorer, vagabonder dedans, sans but précis sinon se divertir et gagner parfois une récompense, ce fait marquant que l'on gardera. Sera-ce le fin de Rhinocéros de Ionesco : « Je suis le dernier des hommes, et je resterai jusqu'au bout. Je ne capitule pas », ou bien l'art de ne pas se relire par Alexandre Dumas : « Ah ! dit don Manoel en Portugais » ou par Victor Hugo lui-même : « il se leva debout » ; sera-ce la liste des prix Goncourt, les entrés-vivants dans la Pléiade, le plus souvent refusé à l'Académie… ce que dit un grand homme au moment de défaillir, sur ses contemporains, sur lui-même, quels sont les personnages des Misérables... quel état civil avait tel écrivain, qui est passé par la case prison, qui est mort au volant de sa voiture, qui avait un penchant certain pour la bouteille, qui est mort en accident de voiture, qui a eu tel prix littéraire, et mille autre choses encore, tout est là, disponible pour le jeu. la liste, aussi modeste semble l'ouvrage, est pour notre plus grand plaisir interminable.

Plus de deux cents entrées comme autant de petite piste pour savourer son propre rapport aux Lettres. Disons-le en effet : c'est un plaisir de précieux, d'érudits ou de curieux éclairés, que de se divertir avec ces choses, mais qu'il est doux de prendre ses aises en feuilletant ces Friandises littéraires qui regorgent de moments délicieux. 

Loïc DI STEFANO

Joseph  Vebret, Friandises littéraires, Ecriture, novembre 2008, 160 pages, 17,95 euros

NB : Joseph Vebret est directeur éditorial du Salon Littéraire.

1 commentaire

Cet agréable ouvrage que l'on peut picorer à son gré est à conseiller à tous les lycéens.