Retour à l'essentiel avec Karine Miermont

Si un chat à sept vies, Karine Miermont tend à surpasser le matou. Elle s’adonne aux promenades. À la contemplation. Elle respire, hume, sent, jouit des fragrances naturelles. Elle touche, palpe, tripote les végétaux. Elle écoute, entend, vibre des murmures de la forêt. Dans ce nord-est particulier elle veille. Et surveille. Elle est la protectrice de ces lieux particuliers. Après une carrière à la TV – autant dire à brasser du vent – la voilà revenue à l’essentiel. Pas cette écologie de comptoir que l’on déverse au chaland avant élection. Non, l’écologie naturelle, celle de cette Nature d’où l’on vient. Cette Nature que l’on a dominé, perverti et donc tué à petit feu. Détruite mais résiliente Elle survit encore. Et si l’on ne veut pas disparaître définitivement, laisser tout ça aux machines et à l’humain augmenté, délire des GAFAM avec leur transhumanisme et autre métaverse et autres stupidités, alors il convient de recouvrer notre âme pionnière. Donc animale. Donc vraie…

Qui n’est pas allé marcher dans les bois, faut de mieux, et n’en est ressorti totalement chamboulé. Transformé par le contact des énergies végétales. Des musiques animalières. Sortons des écrans, du bruit de la pub, du harcèlement des doxa consuméristes. Cultivons notre jardin, le secret, celui de l’intime…
Partageons ici avec l’auteure ces instants vécus qui s’incrémentent comme autant de touches d’un tableau impressionniste : le réel visible est perçu dans sa profondeur temporelle. Sédiment modelé par le temps et l’espace. Le rien est notre tout. On pourrait ne pas s’arrêter, passer son temps à regarder et raconter ce que l’on voit, pendant des minutes, des heures, des mois, des années, des siècles à dire infiniment ce qui se passe quand rien ne se passe soi-disant…

N’ayons pas peur d’être seuls. Je suis seule. Je vis seule à la lisère des mondes. Je peux descendre en ville ou monter voir les cimes. Je retrouve ainsi le dessein de Karine Miermont dans la confrontation avec la nature au quotidien. Je baigne dans la jouvence primaire, celle des origines. Je suis en bonne santé car nourrie sans l’apport industriel. Je suis une sauvage et m’en réjouis. Je fais l’éloge de la lenteur. Suivez les préceptes de ce récit, rejoignez la force tranquille de la vie naturelle et oubliez les bip continuels de votre téléphone. D’ailleurs, jetez-le, vous n’en vivrez que mieux !

 

Annabelle Hautecontre

Karine Miermont, Vies de forêt, coll. Littérature, L’Atelier contemporain, mars 2022,  176 p.-, 20 €

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