Michel Thévoz et l'éloge du ratage
Spécialiste et théoricien de l'Art Brut, Michel Thévoz, dans cet ouvrage inédit étend ce champ à travers ceux qu'il nomme les photographes bruts et qu'il définit ainsi : Ils ont pour particularité de rater leurs clichés chacun à sa manière.
Mais selon des ratages réussis capables de mettre en évidence le fonctionnement du formatage culturel de nos images et de notre perception culturalisée.
Ces maîtres de la déglingue (selon le mot de l'auteur) sont ceux qui par leur "dysfonctionnement" évitent tout effet de virtuosité ou d'ornementation. Et au moment où chacun à coups d'E ou Smartphone se prétend cadreurs, ces desperados du regard et ses maîtres involontaires de le différance (Derrida) dilatent (parfois même par effacement) notre regard mais du coté de l'obscur et des marges. Si bien que facilement l'inconscient s'y donne un chemin de halage.
Certes dans ce cas les amateurs photographes de la photo brute peuvent avoir la tête bien faite, mais en ratant leur photo ils créent des réussites qui leur échappe. Au moment où ils ne peuvent corriger leur parallaxe idéologique soudain se donne libre cours à une forme de subculture en discordance avec la doxa.
Jean-Paul Gavard-Perret
Michel Thevoz, La photo brute, L'Atelier Contemporain, 182 p.-, octobre 2023, 8,50 €
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