"La Patience du Diable" de Maxime Chattam

Suite immédiate de La Conjuration primitive, La Patience du Diable met en scène les survivants de la tuerie canadienne, Ludivine et Segmon, associés à un nouvel enquêteur Guilhem, ne vont pas avoir beaucoup de temps pour se remettre de cette incroyable plongée dans la  folie meurtrière qui a fait se réunir un groupe de psychopathes. Maintenant, ce sont des faits disparates et d'une incroyable violence qui vont échoir à cette brigade spéciale de la gendarmerie, et la cellule de crise 666 se met vite en place car Ludivine a la conviction, aussi incroyable soit-il, que tous ces faits sont liés. Deux gamins qui massacrent les passagers d'un TGV, un tireur isolé qui abat tous les clients d'un restaurant, des ballons d'acide lâchés dans un supermarché, une salle de cinéma qui explose... comment pourrait-on organiser la folie explosive d'âmes en peine ? 

"[...] la différence qui existait entre les démons incarnés, cette poignée de monstres humains, et la tentation du diable qui, elle, traversait tous les êtres comme une composante naturelle, une faille dans leur fabrication, une porte de derrière oubliée et connue seulement de Satan et qui lui permettait de faire basculer chacun dans son domaine, même les meilleurs d'entre nous, pour peu qu'ils aient un moment de trop grande faiblesse" 

Nouvelle variante de la folie humaine, comme une épidémie de pétage de plomb meurtriers, Maxime Chattam met l'accent dans La Patience du Diable sur l'intime et le psychiatrique plus que sur les horreurs gore de sa Conjuration primitive, mais cela n'en est pas moins angoissant. Il maintient tout au long du récit la possibilité du diable, qui s'insinue en chacun et vient troubler les esprits les plus sains. Car à un certain degré de folie meurtrière gratuite, au-delà de la démence, la réponse de l'implication du Diable est la plus cohérente, quoi qu'on en ai. Le diable qui viendrait parmi les hommes pour son avènement.

"Il sait qu'il a pour lui notre nature versatile, nos doutes, et la direction qu'a prise notre société. Tout ce qu'il a à faire, c'est semer ses graines et attendre. La patience du diable, mademoiselle, c'est sa meilleure arme contre nous !"

Malgré une faiblesse d'écriture un peu gênante quand on s'attache à la qualité de la phrase, et son incapacité à finir ses romans, le rythme est prenant et Maxime Chattam prouve son métier de raconteur d'histoires. Son imagination incroyablement fertile (même si l'on retrouve dans ce roman plusieurs idées déjà utilisées dans ses précédents romans) ne peut qu'emporter le lecteur à sa suite et faire naître les frissons propices à quelques bonnes nuits blanches. 

Loïc Di Stefano

Maxime Chattam, La Patience du Diable, Albin Michel, juillet 2014, 489 pages, 22,90 eur
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