Monica Sabolo traductrice des silences

La vie clandestine est d’abord celle de la romancière. Monica Sabolo fut élevée dans un milieu bourgeois au côté d'un père porté aux activités occultes et qui a disparu sans un moindre mot d’explication. Dès lors c'est aussi l'histoire du groupe terroriste d’extrême gauche Action directe.
Cela va permettre à l'auteure de créer une enquête romanesque qui la conduit à revisiter son propre passé. Je tenais mon sujet. Un groupe de jeunes gens assassinent un père de famille pour des raisons idéologiques. J’allais écrire un truc facile et spectaculaire, rien n’était plus éloigné de moi que cette histoire-là. Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l’écho de la violence, précise-t-elle.

L'auteure montre ainsi ce qu'il en est de vivre en ayant commis ou subi l’irréparable. Elle suggère aussi tout ce que cache ceux que nous croyons connaître. D'où ce voyage de l’Italie des Brigades rouges à la France des années 80. Et ce au moment où les rêves d’insurrection firent place à un libéralisme accru  et à une sorte d'insouciance.
Néanmoins La vie clandestine explore avec subtilité  la complexité des êtres, là où se pose la question de la violence comme celle du pardon ou encore  la façon de résister de l’intérieur au monde d'un calcul où seul compte le fric.

Jean-Paul Gavard-Perret

Monica Sabolo, La vie clandestine, Gallimard, août 2022, 316 p.-, 21€
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