Rival Consoles : l’ennui et son contraire

Ryan Lee West aka Rival Consoles est un artiste électro. Ce solitaire, maître d’une forme particulière de l’ambient électro, produit un CD instrumental dont l’aspect « bergmanien » que le titre « Persona» indique (en faisant référence précise au réalisateur suédois)  n’est pas perceptible à première vue. Si ce n’est qu’à une musique de l’efficacité ou du rendement, l’artiste préfère des boucles plus cérébrales et lentes (même s’il existe des temps plus rythmés).

Celui qui fut à la base guitariste, garde un aspect physique avec l’ordinateur pour en faire jaillir, par ses sons, des images délétères ou vivifiantes. Ce travail reste intéressant dans l’univers pop même si cet opus  manque d’aboutissement ou d’objectif.

Faiseur de sons, le musicien anglais n’évite pas à son « Persona » un aspect papier peint sonore. Surtout si l’écoute est partielle et peu attentive. Parfois néanmoins la créateur rend présent opérationnels des changements de climats et de nappes sonores qui rappellent le Tangerine Dream du début.

Tant par les boucles que ses atmosphères, Ryan Lee West cherche à creuser un nouveau langage mais cela reste de l’ordre de l’idée. Une chaleur veut remplacer l’aspect clinique techno : c’est élégant mais guindé. Et si les sons deviennent parfois poreux ou addictifs,  les sensations offertes sont déjà connues et l’attention à une sorte d’intériorité se dissipe.

L’album est donc ambitieux au niveau de l’idée mais, et si la machine s’incarne, elle emprunte ici encore des sentiers battus. L’electronica manque de force charnelle et organique. Dès lors cela peut très vite tourner plus au prétentieux qu’à la sensation « pure ». Mais à chaque auditrice ou auditeur de s’en faire sa propre « idée ».

Jean-Paul Gavard-Peret

Rival Consoles, « Persona », label  Erased Tapes, 2018

 

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