Jim O'Rourke l'hypnotiseur

Proche de Pan Sonic à bien des égards, l'américain Jim O'Rourke crée une musique de recherche électro-acoustique et bruitiste depuis Tokyo. Ce quadruple C.D. est une pièce de quatre heures qui passe d'une musique "ambient" à  la menace obsédante où le bruitisme joue un rôle capital. C'est à n'en pas douter une œuvre imposante (et non seulement par sa durée de quatre heures pour état de crise.

L'entreprise est aussi colossale qu'ambitieuse : le malaise intrinsèque de la civilisation n'est pas nié. Une telle oeuvre ne dénie en rien la quantité de violence qui circule parmi les hommes Mais l'utopie d'un tel travail se construit sur la dénégation euphorique du Mal et s'éloigne des sentiers battus de la pop. Il n'en reste rien ou pas grand chose.

Le fait qu'une telle entreprise existe reste la manifestation d'une résistance aussi dérisoire que méticuleuse face à un assujettissement littéralement religieux à la musique populaire ou de simple recherche. L'oeuvre est donc un vecteur de malaise, d'angoisse, de vertige, de chaos et de trous abyssaux  là où le désordre sonore devient une machine à renverser bien des normes musicales et des ordres socialisés.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jim O'Rourke, To magnetize money and catch a roving eye, Soundhouse, 2019

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