Brooke Candy dans tous ses états - ou presque

Prenant possession de la féminité - avec  ici beaucoup de participations de guet-stars -  l'artiste provoque par sa violence une lutte ouverte contre l'univers masculin.
Voulant sortir d’une torpeur trop longtemps enfouie dans une conscience qu’elle ne contrôlait que trop bien, et en un rap à la fois ambitieux mais tout autant main-stream,  Brooke Candy propose un album attendu depuis longtemps après de nombreux LP et clips - de "bikeuses" entre autres.

Le malaise intrinsèque de la civilisation percute la violence qui circule parmi les hommes. Ancienne officiante du strip-tease, l'artiste se construit sur la dénégation euphorique du mâle et son assujettissement radical à ses pouvoirs symboliques et réels.

La production hip-hop est plutôt réussie et certainement efficace. L'album reste la manifestation d'une résistance féministe et astucieuse. Mais, en dépit des ambitions affichées, il est moins vecteur de malaise, d'angoisse, de vertige, de trou qu'accessoirisé pour correspondre à l'air du temps.
L'ordre du désordre que l'opus semble créer dans le dos des ordres socialisés reste anecdotique.  
De fait le trash et le porno sont plutôt factices et convenus. C'est efficace mais sans rien de plus : musicalement parlant comme dans des textes ultra-féministes constitués de surenchères qui n'apportent rien. L'outrance rapporte sans doute mais ne paie pas l'auditeur ou l'auditrice en retour.

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Brooke Candy, Sexorcism, Nuxxe, 2019

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