Nadine Monfils, "Madame Edouard" et "La nuit des coquelicots" : ça balance pas mal à Montmartre

Madame Edouard et La nuit des coquelicots, les premières enquêtes de Nadine Monfils, sont réédités aux éditions Belfond. Donc si vous êtes passés à côté, il est encore temps de se rattraper pour passer un bon moment de lecture entre sourire et frissons.

 

D’origine belge, le commissaire Léon vit à Montmartre avec sa mère et son chien Babelutte, un corniot à mi chemin entre Milou et Rantanplan. Depuis qu’il a arrêté de fumer, il tricote des paletots et des couvertures pour son chien et a son QG au bistrot du coin. Autour de lui gravitent tous un tas de personnages plus fantasques les uns les autres. Irma, dite « Madame Edouard », un « travelo ménagère » qui a eu son heure de gloire chez Michou, Jeannot et Bibiche, les patrons du Colibri, Rose et sa permanente peroxydée juchée sur son tabouret, « le Pin’s », un nain capable de vous vendre Paris en bouteille. Au commissariat, le commissaire Léon doit garder son calme entre sa secrétaire obsédée par ses seins, Pinchon qui a du mal à gérer les nouvelles technologies et la jalousie de sa femme et Bornéo en plein écriture de son dernier roman à l’eau de rose, faut bien nourrir ses sept mômes. Tout ce petit monde a le verbe haut et la réplique cinglante qui n’est pas loin des « tontons flingueurs ».

 

Dans Monsieur Edouard, Irma revoit enfin sa fille. Bien que surprise de découvrir que son père porte aussi bien les talons qu’elle, Marie décide de s’installer à Montmartre et de mieux faire connaissance avec son géniteur. Un bonheur de courte durée puisqu’elle disparaît au moment où les corps de jeunes femmes sont retrouvés dans les cimetières parisiens derrière les tombes de peintres célèbres. Il faudra plusieurs rangs de points mousses au commissaire pour démêler cette sombre affaire. Le ton est léger bien que l’heure soit grave. Ce premier tome plante le décor et les personnages et l’on se trouve bien accouder au comptoir du colibri. Tant et si bien que l’intrigue passe au second plan.

 

La nuit des coquelicots offre une atmosphère beaucoup plus sombre. Après une grosse fête, trois amies rentrent en voiture. Un moment de distraction et elles renversent une fillette tenant à la main un bouquet de coquelicots. Prises de panique, les trois femmes abandonnent le corps au bord de la route sans se douter que cet acte va leur coûter beaucoup plus que de simples remords. Les morts s’accumulent autour d’elle, un coquelicot à la main. Une sombre histoire de vengeance qui va rapporter une magnifique carpette caca à bordure bleue à Babelutte. Les morts ici sont beaucoup plus violentes que dans le tome précédent et Nadine Monfils a accordé beaucoup plus d’importance à l’intrigue tout en gardant des dialogues percutants. On retrouve également les différents protagonistes de Madame Edouard, la bande du Colibri, Nina Tchitchi, la secrétaire et ses nouveaux seins, Pinchon et Bornéo. Un rééquilibrage qui permet à ce deuxième tome d’être à la fois un petit chef d’œuvre d’humour noir et de un bon thriller.

 

Un bon moment de lecture donc entre une bière et une moule frite que l’on peut poursuivre en visionnant l'adaptation cinématographique de Madame Edouard (1) réalisée par Nadine Monfils avec un casting qui colle parfaitement à ses personnages : Michel Blanc dans le rôle du commissaire Léon, Didier Bourdon, Annie Cordie, Josiane Balasko et Dominique Lavanant.

 

Julie Lecanu

 

1) Bande annonce du film



2)Un autre roman aware de Nadine Monfils, La petite fêlée aux allumettes

 

Nadine Monfils, Madame Edouard et La nuit des coquelicots, Belfond, juin 2012, 445 pages, 19 euros.

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