L'Epervier VIII où l’appel du large frappe le lecteur de plein fouet

Voila trois ans que nous l’attendions : le tome 8 des aventures de l’Epervier. Le héros ayant été découvert par le public en 1994, il faut reconnaître qu’il faut beaucoup de patience pour suivre ses aventures. Certes, il y eut - comme une sorte de cadeau nous faisant patienter - une adaptation du premier cycle en une série TV dont les premiers épisodes nous semblent tout simplement très bien réalisés : entre fidélité et adaptation, nous retrouvons bien là le souffle de la série BD… Cependant, c’était – sauf petits écarts temporaires – la même histoire. Pour découvrir de nouvelles aventures, nous étions forcés d'attendre encore et encore. Cependant, cette patience a toujours été récompensée.

 

Reprit par Soleil en 2009, Yann de Kermeur, noble breton oscillant entre le statut de corsaire apprécié de sa majesté et celui forban pourchassé par la justice, accepte une mission pour Louis XV : aller au Canada. Pour quoi exactement ? Les raisons semblent quelques peu obscures, Versailles appréciant les jeux de pistes. Les informations sont données au compte goute à notre héros par Maurepas, secrétaire d’état à la Marine, et Sa Majesté. Cependant la traitresse Comtesse Aude de Séverac, malgré sa beauté incontestable, reste un cœur perfide n’hésitant pas à capturer le capitaine de la Méduse pour obtenir toutes les informations nécessaires. Ainsi, le tome s’ouvre sur la torture de notre héros, son évasion et sa mise en route pour le pays du St Laurent. Les embuches restent néanmoins du quotidien de l'Epervier : messagers tués, anglais prévenus, soldats massacrés, ivrogne en fuite…

Qui plus est, si Yann de Kermeur apparaît comme le dernier espoir du roi de France, le sien semble disparaître dans les méandres de la vie : son aimée, Agnès de Kermellec, va se marier.

Un nouvel opus dans le plus parfait style de l’Epervier s’est vu offert à nos yeux en début d’année. Sous l’excellent pinceau de Pellerin, il respect à la perfection le « cahier des charges » de la série : offrir de splendide bateau, travailler un dessin se voulant historique quand bien même les indications n’existent parfois tout simplement pas – et demandant ainsi à l’auteur d’imaginer de manière réaliste toute une ville d’époque – sous un scénario mêlant intrigues, manipulations ainsi que cette dose de courage, d’honneur et de liberté si caractéristique du héros. En quelques mots comme en cent : Pellerin assure sur tous les fronts un magnifique tome au niveau des précédents !

Car l’homme tient le scénario, le dessin et la couleur : ceci explique peut être cela (la « lenteur » des parutions » en comparaison des habitudes du monde de l’édition). Ce mode de création se fait rare et, mélangé à un trait classique, souligne, à nos yeux le côté vieil école de cet artiste. Il ne faut cependant pas voir dans cette qualification une quelconque critique négative, bien au contraire : ce style arrive à rendre ces œuvres intemporelles. Combien de héros des années 1994 ne sont plus connus aujourd’hui ? Yann de Kermeur, lui, traverse les générations et deviens rien de moins qu’un classique toujours actuel !

 

Et cela n’est pas peu dire : pour un huitième Epervier, un deuxième cycle, nous aurions pu croire que l’ensemble se serait essoufflé, que la magie de ces océans chevauchées par les navires de sa majesté aurait quelque peu disparu. Bien au contraire : si deux tomes sont consacrés au départ de Brest et aux affrontements entre le capitaine de la Méduse et ses adversaires, la fin s’ouvre sur la mer et la dernière planche offre la promesse d’un navire affrontant vents et marées. Une promesse qui, encore une fois, nous fait attendre la suite avec impatience… A l’instar d’un autre ouvrage de ce début d’année, La Ballade de Magdalena où l’appel du large frappe aussi le lecteur de plein fouet.


Pierre Chaffard-Luçon


Pellerin, L'Epervier VIII : Corsaire du Roy, collection Quadrant, Soleil Prod, 31 octobre 2012, 48 p. - 13,95 €


Voir aussi la critique sur le tome VII : La Mission

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