Sollers : œuvre dernière

La Deuxième vie reste pour Sollers une vision a priori romanesque écrite ou dictée puis révisée par Georfi Galabov et Sophie Zhang. Cette fiction particulière est une suite d'évocations de type réflexion (sur la télévision et le cinéma) mais aussi sur le seconde vie auréolée de cette sainteté qu'on accorde aux écrivains d'exception à l’abri de Sade. Et Sollers d’ailleurs de l’évoquer en incipit par sa citation je crains peu l’avenir .
Superbement accompagné d’une postface parfaite par Julia Kristeva (qui avait été "oubliée" dans le dernier hommage collectif publié la dernière année par Gallimard), elle rappelle dans l’esprit même de son mari que l'odeur du sacré prend un sérieux coup dans l'aile mais sans jouer de bien des facéties qui furent dans la première vie de l’auteur. Celui-ci  qui sent avec lucidité ce qui arrive.
Cette sorte de mise en (dernière) scène n’existe pas d’un  thème et encore moins d’une posture sulfureuse. Avouer un tel codicille reste pour lui le moyen de construire son tout ce qui reste; comme écrivit Beckett. Mais en conséquence ce texte et celui de Julia Kristeva sont touchants, lumineux,  pleins aussi d’une forme d’attachement amical pour un lecteur ou une lectrice d’auteurs pour le moins – et c’est un euphémisme.

Jean-Paul Gavard-Perret

Philippe Sollers, La Deuxième Vie, postface de Julia Kristeva, Gallimard, mars 2024, 80 p.-, 13€

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