Dans son livre d'images les plus intimes qui soient et là où les photographies se doublent de dessins on ne peut plus métaphoriques, Cécilia Jauniau reste fidèle à elle-même dans son passage du réel à l'art de manière sérieuse et frivole,  pudique parfois et surtout impudique.
Les images morcelées de la nudité prises sous divers angles créent une déposition rarement si osée dans la représentation. Le tout sous la forme d'une lettre d'amour qui aux mots préfère les images exemptes d'ellipses et pour la suggestion la plus précise qui soit.
Pas n'importe laquelle. Celle qui élimine toute culpabilité au profit de l'exposition la plus "nue". De la rue Haxo nous saurons rien – sauf à se reporter à d'autres livres de la créatrice. Mais il y a du grain à moudre – ou osera-t-on de chatte à ne pas forcément fouetter – au contraire. Il convient d'en conserver jalousement la trace, son suspens, son vertige. Par lui surgit l’adhérence étroite à ce qu'il en est de soi.  Existe aussi un nécessaire verdict qui s’inscrit contre la loi représentative d'usage.

Jean-Paul Gavard-Perret

Cécilia Jauniau, Rue Haxo, L’espace d’en bas, février 2023, non paginé, 25€