Marie-Paule Bargès : le voile de la nudité Ecrire dit-elle

 


 

« Ecrire s’écrire t’écrire » dit-elle. Au-delà des solitudes. Des mots d’amour « en dépit de tout » malgré elle. Et lui. Malgré ou à cause de leur « nous ». Ecrire en insomniaque rêveuse des « mots d’esprit bandé qui excitent le corps ». Et le corpus. Traversé. Et être traversé(e). Deux langues mêlent leur salive. Des mots-caresses sur la peau.
Des appels. Une attente. Ecrire « le livre palimpseste de ma vie » dit-elle. Pas à pas, pied à pied. Entre « Harvest » et « Dead Man » de Neil Young. La moisson et la fin. Où la vie dérape, l’esprit se vide. Les deux sauvés par un autre poème érotique.


Il dit les corps. Les dénude pour l’accord. Vie défaite mais reprisée. Du moins tenter de la faire, se laisser faire. Amour fiction peut-être. Peut-être pas. Torture et douceur. Et l’absolu de l’amour fou, sa peau, ses écailles. Dans le roux de l’automne. Le rouge de l’été. Tout donner. Amour des larmes. Des souvenirs. L’ondoiement de tissus aux troublantes transparences, aux déchirures soignées couvrant et dévoilant, éloignant et rapprochant, annulant soudain l’effet civilisateur du vêtement. L'amour jamais vraiment apprivoisé, érotisant jusqu’aux loi squi viennent  le bannir. Espoirs encore adolescents. L'intimité  ne se remodèle pas selon nature : elle s’enrichit  par superposition de strates parfois incompatibles.

 

Marie-Paule Bargès invite à une fouille archéologique douce et brutale. Dans les tréfonds obscurs peut s'y chercher l’image d’une autre femme. Celle qui fonde et qui (se) brise, celle qui, révélée, tend à occuper tout l’espace et faire le vide autour de soi. 
Le doute se mue en certitude. L'inverse est vrai aussi. C'est comme une stance surréaliste. Elle  habille d'impudiques fioritures un sentiment trop humain. N’être plus - dit-elle - qu’un trophée lumineux sur le phallus de cristal de l’orgueil masculin. Elle  en devient, sans qu'il le sache, l'archétype obsessionnel. L'amour pour la poétesse n'est plus une menace assumée, il ne craint pas  l’épanouissement éphémère des roses du matin. Et jusqu’au crépuscule.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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