Laurent Grison : ce qui arrive


 

Laurent Grison rappelle ce qui arrive lorsque les mots nous laissent. Et qu’ils ne permettent plus ce qu’on croit qu’ils peuvent faire. Reste l’approche du silence. Imprévisible et prévisible car là depuis toujours, sous les mots, leur  gargouillis, leur bruit d’évier, leur bourdonnement par proliférations, scansions. Mais les mots finissent par se taire dans une opération - entendons ouverture – capable de vidanger les tuyaux du logos.

 

Ecrire devient la manière de nier dans un exercice de lucidité dont l’ironie cruelle n’est pas absente. C’est même le meilleur des biens face à l’évidence de l’"évidement". La pensée qui fuit, échappe ici jusqu’au langage. Chaque segment reste un abîme du sens, la sodomie du Père et de tous les re-pères. C’est la chair de l’homme élémentaire. Ce qui ne veut pas dire pour autant que le verbe se fasse chair. Tout le contraire même : il ne présente que l’abîme où se déverse et se révulse une histoire qui forcément nous bouleverse puisqu’elle demeure tout ce qui reste.

 

Jean-Paul Gavard-Perret



Laurent Grison, « L’homme élémentaire », Collection Atelier, Color Gang éditions, Saint Génis des Fontaines, 20 E., 2017.

 

.

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.