L’ère du soupçon reste celui des muses : Olivier Matuszewski

A coup d’  « histoires d’angles » Olivier Matuszevski propose une poétique de l’insurrection face au peu que l’homme est dans la somme – forcément sommaire – de ses mots et ce qu’il tente de faire. Et ce jusque dans l’appel de l éros, de l’humour voire d’une écriture volontairement gauchie riche de secousses bienfaitrices pour venir à bout de la nausée du monde tel qu’il est.

Pour l’auteur  « toute œuvre  / ressourcée à l’instinct /est scandale », mais les mots peuvent peu. Ils passent « par le trou de la culture » qui nous et les font. Si bien que l’épreuve du réel s’en trouve altérée au nom d’une « paresse commune » comme d’une myopie qu’imposent nos grilles de lecture. L’âge ne fait rien à l’affaire car les idées reçues sur une prétendue éternité deviennent les sparadraps du mortel. « Ses mots veulent noyer le désert » mais c’est une vue de l’esprit. 

Sous elle « toute voix est  au mieux syncope lorsqu’elle n’est pas encore moins ». Ce qui n’empêche pas au discours de se poursuivre tant que faire se peut. Tout se prétend ainsi « cantique premier », poésie verticale afin de justifier nos sacs d’os au sein de nos terriers et de notre idéologie plus ou moins provisoire fondée « sur des sondages et des sentiments  de culpabilité et d’une indifférence commune ».

L’ensemble est nourri par les maîtres du monde et ce qu’ils en font ou plutôt le réduisent au sein de leurs normes douteuses et illusoire. L’écriture reste à ce titre un acte de résistance et d’amour. Il n’est pas  « l’amour antique » que regrette l’auteur mais il permet qu’un doute sur le chaos subsiste.

Jean-Paul Gavard-Perret

Olivier Matuszewski, La part du Gaucher, EditionsTituli, Paris, 2017.

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